Fei, beau jeune homme au port majestueux, un peu taiseux, a la charge de sa mère malade. Il est venu de sa campagne chinoise pour trouver une vie meilleure en ville où il se prostitue. Il y rencontre Xiaolai, prostitué lui aussi, plus aguerri, qui deviendra son guide, son amour impossible, dans ce monde de pouvoir où le corps est un objet, désiré, violenté, nié.
Fei est un véritable personnage de tragédie, sa vie est un sacrifice au service des siens qui entretiennent une forme d’ignorance convenue autour de ses activités. Le poids de la société pèse, la répression est forte à l’endroit de la communauté gay et ses proches encouragent fortement Fei à vivre une situation matrimoniale plus compatible avec l’honneur de la famille.
Le film déroule des images très travaillées, d’une esthétique lisse, comme un magazine luxueux, avec des contrastes de couleurs plus pop. Elles accompagnent le destin tragique de Fei, l’enferment au centre des cadrages comme prisonnier d’un système dont il ne peut s’échapper.
Le retour à l’enfance est impossible, Fei se tait, il semble renoncer à exprimer ses propres sentiments. Il porte sa mélancolie et ne fendra l’armure qu’à deux reprises dans un final puissant et romanesque.
Sans effets de racolage, Moneyboys est un film subtilement bouleversant sur la honte, l’estime de soi et le droit au bonheur.
« Ce qui m’a le plus surpris en faisant des recherches sur la prostitution masculine homosexuelle chinoise, c’est que les« moneyboys » font ça pour le patriarcat chinois alors qu’il les rejette et les stigmatise. » C.B. Yi

Sources : dossier de presse – Libération et Télérama 15/03/22, les Inrockuptibles 22/02/22 – Cinemateaser 16/03/22, http://www.le bleudumiroir.fr