Nous avions découvert Carla Simón en 2017 avec son merveilleux Été 93, l’histoire d’une fillette déracinée dans la campagne barcelonnaise. Nous la retrouvons, 4 ans plus tard, avec Nos Soleils qui s’ouvre sur des jeux d’enfants mais qui prend rapidement une autre ampleur car la cinéaste fait cette fois le portrait d’une famille. On se parle on se dispute beaucoup , et on assiste au basculement d’un monde que les protagonistes croyaient aussi éternel que le rythme des saisons.
Pour raconter la vie d’une exploitation agricole vouée à disparaître, la réalisatrice alterne les scènes courtes autour de quatre générations d’une même famille, des jeux d’enfants aux tensions des adultes. Ce n’est pas la progression du récit qui semble intéresser Carla Simón mais plutôt la multiplication de vignettes qui crée une atmosphère particulière, dans des situations vécues différemment par les multiples protagonistes que ce soit le grand-père, le père, les frères, les épouses et les mères, les ados ou les enfants.
Chaque personnage apporte sa sensibilité et son propre agenda, le tout participant à créer une énergie et une dynamique particulièrement vives et prenantes.
La réalisatrice examine avec finesse comment tout un monde menace d’en éclipser un autre. Son sens du détail fait merveille, aussi bien dans le regard qu’elle porte sur les plus jeunes mais aussi sur les plus anciens. Parfois, ces respirations, ces anecdotes révèlent quelque chose de plus grand.
Carlas Simón trouve un équilibre harmonieux entre récit familial et pamphlet autour de la question du statut social des paysans catalans. Mais cette lecture sensible et profonde de la société paysanne dépasse largement le cadre de la Catalogne. C’est une réflexion sociale que la réalisatrice livre ici puisant dans sa propre expérience familiale. De cette façon, elle porte un message universel de dignité, de respect qui devrait inspirer bien des politiques agricoles et économiques à l’échelle mondiale.

Sources : Le polyester.com, Lebleudumiroir.fr, senscritique.fr