En 1884, Walter Yetnikoff, PDG de Colombia Records, refuse de sortir le disque Various Positions, qui contient Hallelujah. Pas assez bon, selon lui. Pourtant, la chanson, mêlant le sacré et le sexuel, deviendra célèbre dans les années 1990 grâce aux reprises de John Cale, Jeff Buckley et Rufus Wainwright pour la bande originale de … Schreck.
Qu’on le veuille ou non, il y a eu un avant et un après, dans la carrière de Leonard Cohen, avec ce morceau, longuement mûri avant de voir le jour sur un album dont la complexité mystico-érotique fut, bien plus tard, noyée par les mille et une reprises édulcorées qui en ont fait un mégatube des télécrochets.
En s’appuyant sur sa chanson la plus universelle, les réalisateurs américains Dayna Goldfine et Dan Geller explorent l’œuvre et la vie du poète canadien avec une profusion d’archives et de témoignages de première main à laquelle nul amateur ne voudra résister. Car si la littérature ne manque pas, les images filmées sont plus rares. Jusqu’ici, le summum en était Bird on a Wire, fascinant documentaire de Tony Palmer qui suit la tournée européenne du chanteur en 1972, au plus près de son sujet.
La première heure d’Hallelujah est consacrée à l ’histoire d’un homme et d’un talent. Puis, la biographie cède le pas à l’épopée d’une œuvre méjugée devenue un hymne qui a transcendé les générations.
Les réalisateurs offrent ainsi “un portrait nuancé” de l’artiste et de la chanson, qui devrait permettre aux spectateurs de tirer leurs propres conclusions sur sa signification et les émotions qu’elle dégage. Un documentaire qui aurait certainement plu à Leonard Cohen, personnage profond et ténébreux, qui a connu quelques-uns des chemins les plus tortueux pour faire exister son œuvre.
« Je pense que nous avons saisi les complexités de Leonard sans prendre un chemin facile en racontant sa vie, conclut Dan Geller. Il ne s’agit pas simplement d’un film sur une de ses chansons – il s’agit du jumelage de sa vie et de sa chanson phare ».

Sources : Ouest-France 24 oct. 2022, Telerama.fr, Rocknfolk.com, Liberation.fr