A la suite d’une altercation, la mère d’Emiliano, qui lutte aux côtés des mineurs locaux contre l’emprise de riches entrepreneurs, disparaît sans laisser de trace. Trois ans plus tard, l’enquête d’Emiliano le mène à une étrange bâtisse érigée en bord de lac, la luxueuse demeure de la famille Aldama. Certain de trouver là des réponses à ses questions, le jeune homme parvient à se faire engager au sein de la propriété afin de poursuivre ses investigations incognito.
La quête de vérité initiée par Emiliano fait de Lost in the Night un polar efficace même si la recherche obsessionnelle du jeune homme nous rapproche parfois du « film de vengeance ». La lutte des classes au cœur du récit amène le fim sur le terrain social et la problématique de l’exploitation des mines sur celui de l’écologie. Pourtant les personnages tourmentés, notamment les membres de la famille Aldama, font avant tout de Lost in the Night un thriller psychologique intense. Bref, on ne sait plus sur quel genre danser, ce qui concourt aussi à la richesse du film.
Si le nom d’Amat Escalante ne vous dit rien, il n’est pourtant pas un novice. Lost in the Night est son cinquième long métrage et son cinéma sans concession a précédemment été très remarqué dans les festivals : sélectionné quatre fois à Cannes, il a obtenu un prix de la mise en scène en 2013 pour Heli. ; son passage à Venise en 2016 avec La Région sauvage a été récompensé du Lion d’argent de la meilleure réalisation. Reconnus pour leur mise en scène précise, ses films précédents ont parfois divisé en raison de leurs partis pris radicaux, violents voire même brutaux.
Avec Lost in the Night, sans démentir sa réputation d’ange de l’étrange, Amat Escalante aborde la violence de la société mexicaine de manière moins frontale mais sans complaisance, avec une même puissance et une esthétique plus élaborée. Les recoins de la maison à l’architecture labyrinthique illustrent ainsi le dédale des secrets auquel est confronté Emiliano.
Ce long métrage tortueux et passionnant poursuit le sillon tracé par le réalisateur, la description d’une société mexicaine gangrenée par la corruption, mais aussi de notre monde moderne dans son ensemble, où hédonisme et violence sont parfois les deux faces d’une même pièce.

Sources : www.avoir-alire.com 03/10/23 – www.ecranlarge.com 02/10/2023 – Utopia Bordeaux 04/10/23 – L’humanité