A 12 ans, Nora et Hae Sung étudient dans le même collège en Corée du Sud. Inséparables, les deux gamins vivent un amour platonique. Mais Nora et ses parents émigrent en Amérique du Nord et les enfants se retrouvent brutalement séparés par un océan.
A 20 ans, Nora, désormais installée à New York, retrouve son ami sur Internet et les deux jeunes adultes correspondent quelque temps. Une nouvelle décennie plus tard, Hae Sung décide de retrouver Nora…
Venue du théâtre, Celine Song signe ici son premier film. La cinéaste, née en Corée du Sud, a émigré au Canada à l’âge de douze ans avant de s’installer à New York. Past lives, première œuvre pleine de justesse et de sincérité, s’inspire de son histoire de façon évidente.
Avec des si ?… Les deux héros se questionnent constamment sur leurs choix de vie sans jamais obtenir de réponses. Si Nora n’avait pas embrassé la culture américaine, leur relation aurait-elle été possible ? Tout cela n’est peut-être que le fantasme de deux personnes qui voient en l’autre l’existence d’un passé qu’elles ne parviennent pas à oublier. Mais le temps et le Pacifique semblent à tout jamais avoir été des obstacles infranchissables.
Celine Song puise son inspiration chez Hirokazu Kore-eda pour filmer les conversations des protagonistes. Régulièrement, sa caméra se fait oublier pour nous dévoiler les pensées les plus intimes de ses personnages.
Sa caméra 35 mm et ses nombreuses idées visuelles pour faire transparaître la frustration d’un amour impossible ne sont pas les seuls atouts de la cinéaste. La bande originale mélancolique et apaisante de Christopher Bear accompagne les dialogues minutieux mais jamais bavards, les regards profonds mais jamais forcés. Le tout est parsemé d’un humour parfaitement dosé qui mise sur la gêne des premières fois et la surprise des retrouvailles pour générer des situations loufoques.
Dans ce film subtil, Celine Song évite d’enfermer ses acteurs dans un futile triangle amoureux. Le regret est partout, la mélancolie omniprésente. Past lives nous offre une passion chuchotée à ne manquer sous aucun prétexte.

Sources : Les Echos, Première décembre 2023 , Télérama 13 décembre 2023.