L’Amérique n’a jamais cessé d’être une Terre promise pour les migrants latinos qui aspirent à entrer aux Etats-Unis ou pour ceux qui, comme Nero notre infortuné héros, ont déjà vécu des années à Los Angeles avant d’être expulsé au Mexique après les événements du 11 septembre et le « Patriot Act » promulgué par J.W. Bush.

Profitant des feux d’artifices du 4 juillet, Nero parvient à gagner le territoire des Etats-Unis malgré les hauts murs de grillage et de tôle, surveillés par d’incessantes patrouilles de gardes-frontière. Il retrouve son frère Jesus à Beverly Hills, mais celui-ci se montre impuissant à l’aider. Pour échapper à la vie de misère à laquelle le condamne sa condition de clandestin, Nero cherche à bénéficier du « Dream Act ». Son plan est alors simple: s’engager dans l’U.S. Army, servir pendant deux ans, devenir un « Green card soldier » puis un citoyen américain, s’il parvient à revenir du front.

Jamais cynique, Rafi Pitts dissèque avec une grande force l’absurdité de cette situation, qui voit des hommes prêts à perdre leur vie en Afghanistan ou en Irak pour un pays qui, foncièrement, ne veut pas d’eux. C’est cette nouvelle réalité où le racisme est omniprésent, que décrit sans fard le cinéaste iranien. Dans une œuvre aussi aboutie esthétiquement que thématiquement.

Soy Nero explore avec une rare finesse la question cruciale de l’identité, à l’occasion des grandes migrations qui s’intensifient en ce début de XXIème siècle.

Sources : La Croix du 18 février 2016 – Libération du 20 février 2016

En présence du réalisateur Rafi Pitts, réalisateur, scénariste producteur, acteur

Rafi Pitts passe son enfance à Téhéran, élevé par sa mère, qui s’occupe de costumes et de décors pour les films. Quand la révolution éclate, suivie de la guerre avec l’Irak, sa mère et lui quittent le pays pour venir vivre à Paris, puis à Londres.

Diplômé en photographie et cinéma à l’Ecole Polytechnique de Londres, il revient à Paris où il travaille comme assistant-réalisateur notamment avec Jacques Doillon pour Le Jeune Werther en 1992.

En 1994, il réalise Salandar, court métrage qui reçoit le Prix Spécial du Jury au Festival de San Francisco et le Grand Prix du Court métrage de Belfort.
Son premier long métrage, Cinquième saison, représente l’Iran au 54ème Festival International de Venise.

En 2000, Sanam, son deuxième long métrage, obtient le Prix spécial du jury au Festival international du film de Mannheim-Heidelberg en Allemagne, le Cyclo d’Or et le Grand Prix au Festival du film d’Asie de Vesoul.

Rafi Pitts est venu à La bobine le 10 juin 2000 nous présenter ce film Sanam. 

Filmographie :

Réalisateur et scénariste

• 1991 : En exil (court-métrage)
• 1994 : Salandar (court-métrage)
• 1997 : Cinquième saison (Fasl-e panjom)
• 2000 : Sanam
• 2003 : Cinéma, de notre temps (épisode: Abel Ferrara : Not Guilty, film documentaire)
• 2006 : C’est l’hiver (Zemestan)
• 2010 : The Hunter (Chékartchi)
• 2011 : Soixante secondes de solitude pendant l’année zéro (une minute du film collectif)
• 2016 : Soy Nero

Producteur

• 1991 : En exil
• 1994 : Salandar
• 2000 : Sanam
• 2006 : C’est l’hiver

Acteur

• 2010 : Chékartchi (The Hunter) : Avadi (rôle principal)