Asger Holm est de service au centre d’appels d’urgence de la police de Copenhague. Pour ce policier aguerri, la mission ne semble pas passionnante et la soirée s’annonce ennuyeuse. Mais elle prend une tout autre tournure avec le coup de téléphone intriguant d’une femme qui semble parler sous la contrainte. Asger sent que quelque chose de grave se trame mais, cloué au standard, il ne peut compter que sur son intuition et son téléphone…

Pour son premier long métrage, Gustav Möller choisit le film de genre : fausses pistes, attentes, rebondissements, The Guilty contient tous les ingrédients du thriller. La vraie gageure de ce long métrage est cependant de rendre haletante une course contre la montre qui s’interdit tout déplacement. Pendant quatre vingt-cinq minutes, le spectateur se retrouve enfermé avec le personnage principal dans deux pièces sombres et exiguës.

Mais le huis clos, source de frustration, fait avant tout appel à l’imaginaire et donc constitue l’occasion d’une belle leçon de cinéma. Gustav Möller a su exploiter avec dextérité et malice tous les avantages du hors champ. En effet, comme le jeune réalisateur le déclare à bon escient : « les images les plus fortes d’un film sont celles que l’on ne voit pas ». Puisque, comme le personnage principal, nous ne pouvons voir ce qui se passe à l’autre bout du fil, il nous faut le déduire. La bande-son prend alors une place prépondérante ainsi que la lumière; les cadrages, souvent resserrés sur Asger Holm, s’attachent à ne jamais nous faire perdre de vue le déroulement de l’enquête et les émotions qu’elle suscite.

Pour incarner Asger Holm qui est de tous les plans, il fallait un acteur charismatique. En faisant appel à Jakob Cedergren, révélé en France dans le film Submarino de Thomas Vinterberg, Gustav Möller réussit le pari de rendre complexe un personnage qui aurait pu tomber dans le stéréotype.

Thriller mental mené avec panache et une efficacité redoutable, The Guilty bouscule nos préjugés et pose la question du coupable (the guilty en anglais) et des apparences.

Sources : Positif n°698-690 – www.avoir-alire.com 30/07/2018