Dans le sillage du procès de Mazan aux échos internationaux, la sortie de Black Box Diaries trouve une résonance vibrante. On suit l’odyssée juridique, sur dix ans, de Shiori Ito, journaliste violée dans une chambre d’hôtel en 2015 par Noriyuki Yamaguchi, alors directeur du bureau américain de la chaîne de télévision Tokyo Broadcasting System.

Le film nous accueille et s’adresse directement à nous, avec l’expérience d’une femme en lutte pour la justice et contre un système judiciaire aux rouages nébuleux, sourd aux violences sexuelles faites aux femmes.
Shiori Ito précise même : « Je devais être totalement honnête avec moi-même, pas uniquement en tant que journaliste, mais aussi en tant que fille, sœur, amie. Le viol n’est pas le sujet principal de mon travail. C’est ce qui se passe après. »

Shiori Ito, avec son long métrage, nous propose un témoignage bouleversant qui nous révèle les affres que traverse la journaliste, au cours d’une longue reconstruction qui s’appréhende sous le coup de la nécessité.

Révoltant quand il pointe les archaïsmes de la société japonaise, glaçant lorsqu’il suggère l’irreprésentable, exaltant quand il saisit les victoires, même infimes, Black Box Diaries touche enfin subtilement, dans les instants où s’incarne à l’écran, via les jeux de focale ou l’économie des plans, la solitude d’une femme irréversiblement meurtrie.

Salué dans les festivals du monde entier et nommé pour l’Oscar 2025 – catégorie meilleur documentaire – Black box diaries n’est toujours pas sorti au Pays du Soleil Levant. Il est pourtant urgent que ce puissant cri de révolte, dénonciation cinglante d’un système oppressif, soit vu dans le monde entier !

Sources : Le Figaro 11 mars 2025, Le Monde et Télérama 12 mars 2025.