29e Soirée courts métrages

jeudi 5 décembre 2024

19:30

Soirée présentée par Gilles Colpart, spécialiste du court métrage, en présence de Florence Miailhe, réalisatrice

Fidèle au poste et à La bobine, le court dévoile toujours sa grande diversité, quelles que soient les circonstances, alliant visions singulières, thématiques sérieuses, humour et audaces diverses. Pour en témoigner : Huit films courts présentés par Gilles Colpart, en présence de Florence Miailhe, réalisatrice

les courts-métrages présentés :

Papillon

L'homme qui ne se taisait pas

Une orange de Jaffa

L'arène

There is no friend's house (où est mon amie ?)

Avec l'humanité qui convient

Et si le soleil plongeait dans l'océan des nues

13 euros


1er
court-métrage

Papillon

Réalisateur : Florence Miailhe

Année : 2024

Durée : 15 min

Prix / distinctions : Ours de cristal du meilleur court métrage du jury Jeunes catégorie Génération K Plus au Festival de Berlin 2024. Prix André Martin au festival d'Annecy 2024

Résumé : Retour au court métrage pour Florence Miailhe, alors que le précédent remontait à 2013. Bienvenue ! C'est qu'entre-temps il y eut l'odyssée de La traversée, son premier long métrage sorti en 2021 et présenté, entre autres, à Chalon sur Saône au festival Chefs Op, après un Cristal d'Honneur obtenu en 2015 au 39ème festival international du film d'animation d'Annecy pour l'ensemble de son oeuvre. Diplômée de l'Ecole nationale Supérieure des Arts Décoratifs spécialisation gravure, elle fait sensation en 1991 dans les festivals avec son premier court, Hammam, sous l'impulsion et avec le soutien du plasticien et cinéaste Robert Lapoujade, réalisé en une technique inusitée, la peinture sur verre directement sous la caméra banc-titre. Elle y reste fidèle avec Schéhérazade (1995), Histoire d'un prince devenu borgne et mendiant (1996), Au premier dimanche d'août, qui obtient le César du court métrage 2002, Conte de quartier (2006) qui mêle peinture animée et sable, Matières à rêver (2008), Méandres (2013) coréalisé avec Matilde Philippon et Elodie Bouedec, cette fois uniquement en sable animé. Tous ont pour fil rouge comme une fibre documentaire sur diverses communautés humaines, en coécriture avec Marie Desplechin. Conçu avec une autre technique, peinture à l'huile sur toile avec vernis, qui n'a plus la nature éphémère du sable ou de la peinture sur verre, Papillon s'attache à un pan de l'Histoire encore récente à travers l'évocation d'une victime emblématique des persécutions antisémites, celui qu'on nomma "le nageur d'Auschwitz". Dans la mer un homme nage. Au fur et à mesure de sa progression les souvenirs remontent à la surface. Cette histoire est celle de sa dernière nage, sur les plages rêvées de La Réunion.   Texte : Gilles Colpart

2ème
court-métrage

L'homme qui ne se taisait pas

Réalisateur : Nebosja Slijepcevic

Année : 2024

Durée : 13 min

Prix / distinctions : Palme d'or du court métrage Festival de Cannes 2024.

Résumé : Février 1993. Un train de passagers est arrêté à la frontière de la Bosnie par les forces paramilitaires. Celles-ci procèdent à un contrôle systématique des documents d'identité, pour des raisons qui s'avèrent vite d'épuration ethnique. Ceux qui ne sont pas inquiétés ne se soucient pas de la suite, qui voit pourtant vingt-quatre des voyageurs arrêtés et embarqués vers un destin funeste. Un seul des cinq cents, pourtant en règle, s'oppose aux officiers, avec fermeté et détermination. Il est arrêté à son tour. C'est à lui, Tomo Buzov, et à sa mémoire, que le film est dédié. Ce 27 février 1993, au cœur de ce qui fut nommé "la guerre de Bosnie", il prend le train de Belgrade à Bar, pour visiter son fils Darko qui effectue son service militaire. A la frontière avec la Bosnie, le train est arrêté en gare de Strpci par des membres de l'Armée de la République Srpska autoproclamée serbe sécessionniste, qui en font sortir plus de vingt Bosniaques visés comme musulmans. Buzov, ancien officier de l'armée yougoslave, rejoint ces derniers pour son acte de refus. Sa ville natale, Kastel Novy, où il vit le jour en 1940, continue d'honorer sa mémoire. Interviewé à Cannes pendant le Festival, le réalisateur (croate) s'est dit fort heureux de l'acceptation d'Alexis Manenti pour tenir le rôle de l'officier contrôleur. Acteur français, remarqué dans Les misérables de Ladj Ly, celui-ci est d'origine corse mais aussi croate, et c'est lui-même, sans doublage audio, qui s'exprime dans la langue locale, parfaitement maîtrisée.   Texte : Gilles Colpart

3ème
court-métrage

Une orange de Jaffa

Réalisateur : Mohammed Almughanni

Année : 2023

Durée : 27 min

Prix / distinctions : Grand Prix de la sélection internationale du festival de court métrage de Clermont-Ferrand 2024. Prix du court métrage européen du festival de court métrage de Cracovie 2024.

Résumé : Mohammed, jeune Palestinien, cherche désespérément un taxi afin de franchir un poste de contrôle pour rejoindre sa mère qui l'attend du côté israélien et se rendre avec elle au mariage d'une cousine. Il est muni non d'un laissez-passer mais d'une carte de résident européen délivrée par la Pologne, et a déjà été refoulé au poste de Qalandia, au sud de Ramallah. Ceci n'enchante guère son chauffeur, Farouk, qui, lui, est attendu par un client israélien, qu'il ne veut absolument pas perdre, en manque de véhicule car c'est jour de Shabbath. Les voilà tous deux immobilisés, en attente du contrôle de leurs identités... "Les oranges de Jaffa ont beaucoup à nous dire. Sans l'orange il n'est point de futur possible", déclare le réalisateur pour définir le fruit à pulpe comme le symbole par excellence commun aux deux cultures. Né en 1994 à Gaza, celui-ci a étudié à l'Ecole nationale de cinéma de Lodz en Pologne, pays avec lequel il a gardé moult contacts et sous pavillon duquel le film est diffusé dans les festivals, en coproduction avec la France. Formé comme technicien image, il a œuvré à Cuba, au Danemark et même en Chine. De Halawan en 2012 à Blacklisted en 2021, ses courts métrages ont été vus, et souvent primés, dans les festivals internationaux. L'aspect symbolique énoncé par le titre peut renvoyer à un long métrage franco-allemand d'Eyal Sivan de 2009, Jaffa la mécanique de l'orange.   Texte : Gilles Colpart

4ème
court-métrage

L'arène

Réalisateur : Raphaël Personnaz

Année : 2022

Durée : 10 min

Résumé : Secrétaire d'Etat à la cohésion sociale et candidate aux élections législatives, Camille Pariès est parachutée dans une circonscription des Hauts de France. Pour sa campagne, elle se rend dans un hôpital à la rencontre du personnel soignant. Sans grande expérience, elle bénéficie des conseils d'Ahmed, qui semble bien connaître les ficelles du métier. Chaque année, l'Adami (société civile pour l'Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes, créée en 1955, organisme de gestion collective) initie une collection de quatre courts métrages présentés sous le vocable Talents Cannes Adami d'abord au Festival de Cannes puis en d'autres événements comme le festival d'Angoulême, dans le but de promouvoir de jeunes comédiens. Depuis 2018, la réalisation en est confiée non plus à des cinéastes reconnus mais à des comédiens moins débutants qui signeront ainsi leur premier film, choisissant trois interprètes parmi les centaines de candidats présélectionnés. Ici, Camille Claris, issue du cours de théâtre de l'Ecole Claude Mathieu à Paris ; Ahmed Hammadi-Chassin, issu du Conservatoire de Toulouse puis du Conservatoire national d'art dramatique à Paris après des études de philosophie; et Logann Antuofermo, formé au Conservatoire de Versailles et lui aussi à l'Ecole Claude Mathieu. Désigné en 2022 avec trois autres, Raphaël Personnaz entendait "parler de notre pays dans un moment où la division règne, où le dialogue devient quasi impossible, où des mondes ne se rencontrent plus, où chacun nage dans son couloir, persuadé de détenir l'unique vérité". Etonnant Ravel dans Boléro d'Anne Fontaine, il fut nommé au César 2011 du Meilleur Espoir Masculin pour son rôle dans La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier, qu'il retrouva en 2013 pour Quai d'Orsay, avant d'obtenir le Molière 2018 du seul en scène pour Vous n'aurez pas ma haine, texte d'Antoine Leiris dont l'épouse fut tuée au Bataclan le 13 novembre 2015.   Texte : Gilles Colpart

5ème
court-métrage

There is no friend's house (où est mon amie ?)

Réalisateur : Abbas Taheri

Année : 2023

Durée : 19 min

Prix / distinctions : Prix Etudiants au festival de court métrage de Clermont-Ferrand 2024

Résumé : Deux amies, Sara et Mehri, se lancent le défi périlleux d'introduire au lycée une bouteille de whisky et de la boire. Or elles sont non seulement de très jeunes femmes mais sont surtout iraniennes et issues de familles socialement opposées. L'une est fille de policier, l'autre fille d'un cinéaste à peine sorti de prison qui a commencé un tournage clandestin. En définissant ainsi la filiation de l'une d'elles, le réalisateur tient à rendre hommage aux cinéastes iraniens empêchés d'exercer leur art voire gravement menacés, comme Jafar Panahi ou Mohammad Rasoulof. Autre hommage, dès le titre, à Abbas Kiarostami et son fameux Où est la maison de mon ami ? (Where is my friend's house ?) mais, d'une certaine façon, à contrepied, sans le même optimisme. "En Iran il y a beaucoup de risques pour l'amitié. Il n'existe plus la liberté d'être vraiment ami avec quelqu'un", déclarait-il à RFI. Cela étant, "un an avant le mouvement Femme ! Vie ! Liberté !, j'ai été impressionné par l'attitude des femmes iraniennes qui se rebellaient contre l'oppression" (à L'Humanité, pendant le festival de Clermont). Né à Chiraz, "ville des poèmes et du vin", Abbas Taheri fut d'abord ingénieur civil. Mais plutôt que de construire des ponts il préféra en établir. Après une maîtrise de cinéma obtenue à l'Université des Arts, il a réalisé à ce jour sept courts métrages de fiction et six documentaires. Son livre "Festival Gaze" est une étude postcoloniale du cinéma iranien à travers les festivals de films internationaux. La coproduction de ses deux derniers courts par une société française l'a "aidé à raconter des histoires de manière indépendante mais compréhensible par tous, y compris en dehors de l'Iran" (à Télérama ). Il s'agit en l'occurrence de "Envie de Tempête Production", dont le fondateur, Frédéric Dubreuil, est venu comme réalisateur présenter son court métrage Sit in à la 14ème Soirée Courts de La Bobine le 8 octobre 2009.   Texte : Gilles Colpart

6ème
court-métrage

Avec l'humanité qui convient

Réalisateur : Kacper Checinski

Année : 2023

Durée : 25 min

Prix / distinctions : Prix SACD de la première oeuvre de fiction au festival de court métrage de Clermont-Ferrand 2024.

Résumé : Dans une antenne Pôle Emploi en pleine restructuration, Hélène Roussel, directrice adjointe, reçoit un courriel alarmant de la part d'une chômeuse désespérée. Cette dernière menace de venir mettre fin à ses jours dans les locaux de l'agence. Né en Suède en 1983 de parents polonais, Kacper Checinski vit et travaille en France depuis 2007. Après l'obtention d'un Master d'histoire de l'art à la Sorbonne avec un mémoire sur Francis Bacon, il réalise quelques films autoproduits puis rejoint comme collaborateur la société Takami Productions de Karine Blanc et Michel Tavarès, productrice de Avec l'humanité qui convient (dont le scénario a été lu en public au festival Premiers Plans d'Angers 2022), première vraie expérience du débutant. Celui-ci se dit grand adepte du cinéma de Michael Haneke ou du Ken Loach de Moi Daniel Blake pour son regard sur la bureaucratie et son manque de bienveillance. Adepte également de la pellicule, il espère pouvoir tourner à nouveau en argentique. L'actrice Joséphine de Meaux aborde ici un registre dramatique déjà exploré avec Dheepan de Jacques Audiard en 2015, après avoir tenu des rôles plus légers dont trois avec Eric Tolédano et Olivier Nakache : Nos jours heureux (2006), Tellement proches (2009) et Intouchables (2011). On l'attend dans Un ours dans le Jura de Franck Dubosc. Elle a réalisé le long métrage Les petits flocons en 2019.   Texte : Gilles Colpart

7ème
court-métrage

Et si le soleil plongeait dans l'océan des nues

Réalisateur : Wissam Charaf

Année : 2023

Durée : 20 min

Prix / distinctions : Prix Unifrance au festival Tous Courts d'Aix en Provence 2023. Prix spécial du jury au festival de court métrage de Clermont-Ferrand 2024.

Résumé : A Beyrouth, sur le chantier des quais, Raed, agent de sécurité, doit empêcher les promeneurs d'accéder au bord de mer. Alors que l'horizon est bouché chaque jour davantage, Raed fait des rencontres singulières. Rêves, ou incarnations de ses désirs ? Né en 1973, Wissam Charaf participe dès l'âge de seize ans à une radio indépendante en pleine guerre civile libanaise. Ainsi formé, après fermeture de la station il devient monteur et caméraman sur films et reportages puis part pour la France en 1998, où s'ouvre à lui la porte de la chaîne Arte. "Je n'aime pas traiter les choses au premier degré, en tire-larmes, je préfère passer par la comédie", déclare-t-il à Katia Bayer pour le site de Format Court. Lui qui est finalement revenu au Liban ajoute : "il y a quelque dix mille jeunes qui quittent le pays tous les mois. C'est pire que la dévaluation de la monnaie et les coupures d'électricité. La fuite des cerveaux c'est ce qui conduit à faire un peuple d'abrutis inféodés aux milices de mafieux politico-religieux". Depuis son premier court métrage, Hizz ya wizz, en 2003, son oeuvre se singularise par un sens de l'absurde et du burlesque, avec seulement deux longs métrages, Tombé du ciel en 2016 et Dirty difficult dangerous en 2022. La réalité crue le rattrape depuis quelques mois comme journaliste correspondant de media européens, notamment la RTS, télévision suisse.   Texte : Gilles Colpart

8ème
court-métrage

13 euros

Réalisateur : Bertrand Gonçalves et Guillaume Courty

Année : 2023

Durée : 3 min

Résumé : A la fin d'un dîner entre amis au restaurant, alors que tout le monde a payé sa part, il manque encore 13 euros. C'est simple, dans ce genre de situation c'est toujours les derniers à partir qui vont payer. 13 euros à quatre, ça devrait le faire. Formé au Conservatoire de Rouen, puis au Cours Florent à Paris, comédien, chanteur, acteur de doublage, Bertrand Gonçalves (ici dans le rôle de "Mélenchon", appelons-le ainsi) a tourné dans de nombreuses publicités et se consacre beaucoup au théâtre depuis 2011. Au cinéma, il a été vu dans Bernadette de Léa Domenach. Il publie sur un réseau social de courtes vidéos parodiques sur les débuts du cinéma, jusqu'à un million de vues. Guillaume Courty réalise depuis une dizaine d'années clips et très courts métrages, liés au Nikon Film Festival, où Gonçalves a obtenu le prix d'interprétation.   Texte : Gilles Colpart

Evénement
en partenariat

Soirée organisée avec le soutien du Grand Chalon

Soirée spéciale
Invité – Débat

Soirée présentée par Gilles Colpart, spécialiste du court métrage

En présence de Florence Miailhe, réalisatrice

 

Pause
gourmande

esquimaux à l’entr’acte