ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

24e Soirée courts métrages

jeudi 28 novembre 2019

19:00

Courts-métrages
Invité / Débat

"Fidèle au poste et à la bobine, le court métrage dévoile toujours sa grande diversité, alliant visions singulières, thématiques sérieuses, humour et audaces diverses. Pour en témoigner: huit titres au programme et deux réalisateurs invités." Gilles Colpart

les courts-métrages présentés :

Kilt

Pile poil

La jupe d'Adam

Mardi de 8 à 18

Bug

Tempus fugit

Nefta Football Club

The ostrich politic


1er
court-métrage

Kilt

Réalisateur : Rakel Ström

Année : 2019

Durée : 13 min

Résumé : Comme beaucoup d’hommes Philippe a des poils. Comme beaucoup d’hommes Philippe perd ses cheveux. Comme beaucoup d’hommes Philippe envie parfois les femmes. Aujourd’hui Philippe, las de son existence au masculin, a choisi de devenir un homme neuf. Remarqué lors de la 23ème Soirée Courts du 22 novembre 2018 dans Panique au Sénat, et désormais libéré de la promotion de son long métrage comme réalisateur L’amour flou, l’acteur Philippe Rebbot confirme ici son hyper-présence et son investissement dans le court métrage avec des projets singuliers et signifiants à portée sociale marquante. Avec ce deuxième opus de Rakel Ström (après Fjords en 2015), tourné à Lyon, sa silhouette si expressive se déploie au mieux au service de l’incarnation d’un personnage en décalage et en pied de nez, à l’instar de la fameuse devinette : « Que portent les Ecossais sous leur kilt ? ». Réponse : « le futur de l’Ecosse » !

2ème
court-métrage

Pile poil

Réalisateur : Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller

Année : 2018

Durée : 21 min

Prix / distinctions : Prix du rire Fernaud Raynaud au festival de Clermont ferrand 2018 - Prix du public aux festivals de Saint-Paul Trois Chateaux, Court métrage en plain air de Grenoble et Itinérances d'Alès - Grand prix et Pris du public au Festival du film de l'humour de Meudon

Résumé :   Dans trois jours Elodie passe l’épreuve d’épilation de son CAP d’esthéticienne. Son père, boucher, aimerait bien qu’elle l’aide davantage à la boutique. Mais pour l’instant Elodie a autre chose en tête : elle doit trouver un modèle. Et un modèle avec des poils... à épiler ! S’ils ont obtenu le prix du rire Fernand Raynaud, c’est plutôt de Charlie Chaplin que les deux réalisateurs se réclament, admiratifs de son « harmonie parfaite entre le rire et l’émotion ». S’inspirant ici d’une histoire vraie, vécue par l’amie d’une amie, ils ont déjà réalisé ensemble Le bon mélange pour la colle en 2013 et Chèvre ou vache en 2016 où ils jouent eux-mêmes un couple soudain secoué par la naissance de ses jumeaux. Car sitôt échappés d’une école de commerce c’est à leur vocation de comédiens qu’ils ont laissé libre cours... Lauriane Escaffre tient d’ailleurs l’un des rôles de Pile poil. Dans le partage des tâches, elle supervise les comédiens et lui la technique. Ne concevant le rôle du père que pour Grégory Gadebois, c’est en fonction de lui qu’ils ont choisi la comédienne Madeleine Baudot pour incarner Elodie, à mi-chemin entre enfance et âge adulte. Avec le deuil de la mère en fond, il fallait qu’ils soient le plus crédibles possible dans ce rapport père-fille qui ont du mal à exprimer leurs sentiments. En projet : un développement de Pile poil en long métrage.

3ème
court-métrage

La jupe d'Adam

Réalisateur : Clément Tréhen-Lalanne

Année : 2019

Durée : 13 min

Résumé : David cède un matin à la volonté de son fils en lui mettant une jupe pour aller à l’école. Le jour même, il est convoqué avec son ex-femme par l’institutrice suite aux plaintes de parents d’élèves. Ils vont devoir tous deux s’expliquer... Titulaire d’une licence en cinéma, Clément Tréhin-Lalanne s’est engagé en profession comme régisseur sur des longs métrages notamment de Jean-Jacques Annaud et Bertrand Tavernier avant de passer lui-même à la réalisation de courts, L’attente, Lucien et surtout Aïssa, à l’âpre sujet sociétal, mention spéciale au Festival de Cannes 2014 décernée par un jury que présidait Abbas Kiarostami, qu’il était venu présenter au public de la Bobine lors de la 19ème Soirée Courts Métrages le 6 novembre 2014. Editée pour la promotion du film, l’affiche de La jupe d’Adam représente un tableau simili Moyen-Age avec une Eve nue, le sexe caché par un feuillage, et un Adam revêtu simplement d’une jupette au pied d’un arbre fruitier, entourés d’animaux de la forêt avec une licorne en fond de décor, le tout renvoyant tous azimuts à divers symboles et réminiscences. Ce court métrage a trouvé écho en au moins deux autres de la saison 2018-2019 : Féeroce de Fabien Ara, description des affres d’une jeune mère dont le fils de cinq ans veut dorénavant s’habiller en fée pour aller à l’école ; et Les lèvres gercées, animation de fin d’études de Kelsi Phung et Fabien Corre à l’école des Gobelins, encadrés par Emilie Mercier, elle aussi venue le 6 novembre 2014 pour son film Bisclavret.

4ème
court-métrage

Mardi de 8 à 18

Réalisateur : Céccila De Arce

Année : 2019

Durée : 26 min

Résumé : Névine, surveillante dans un collège, met tout son coeur dans ce petit boulot un peu ingrat entre les profs, l’administration et les élèves. Logan, un collégien qu’elle apprécie, insiste pour récupérer une casquette laissée aux objets trouvés. Elle ne se doute pas des conséquences que son geste va entraîner. Née à Rome mais de nationalité espagnole et suisse, Cecilia De Arce a étudié le cinéma près de Paris à l’école 3IS, où elle a réalisé en 2015 Une sur trois, film de fin d’études, sélectionné au festival de Clermont-Ferrand 2016 où la comédienne Florence Fauquet obtint le prix Adami d’interprétation féminine. Son deuxième court métrage, Mardi de 8 à 18, révèle à son tour une jeune actrice, Rime Nahmani, et, sélectionné à la Semaine internationale de la critique du Festival de Cannes, y bénéficie de la fructueuse rencontre avec vingt lycéens venus de Gennevilliers, Cagnes sur Mer et deux villes allemandes. Entre portrait sensible et comédie, Cecilia De Arce a tenu à ne pas négliger la part de réalisme de son film. Plusieurs collégiens de l’établissement marseillais où a eu lieu le tournage se sont intégrés au projet et y ont tenu des petits rôles. L’équipe s’est aussi « beaucoup adaptée à l’architecture des établissements scolaires, labyrinthique et désuète, pour structurer les plans » car, selon la réalisatrice, « l’espace du collège est très intéressant quand on est surveillant, on n’a pas accès aux salles de cours, on n’est pas du côté des adultes, on est du côté des élèves, dans la cour, à la cantine, en salle de permanence, il y a toujours cette architecture un peu absurde, et très vite on finit par s’approprier ce terrain. Le collège est un endroit où on passe des années déterminantes et souvent difficiles de notre jeunesse, et notre responsabilité d’adultes est de chercher à rendre cet espace le plus bienveillant possible ».

5ème
court-métrage

Bug

Réalisateur : Cédric Prévost

Année : 2018

Durée : 19 min

Résumé : Guillaume, informaticien trentenaire complexé, vit à travers son écran d’ordinateur une liaison fantasmée avec une célèbre actrice. Après avoir découvert qu’elle n’est plus célibataire, il se retrouve soudain doté du pouvoir d’agir sur la réalité comme sur son PC, et en profite pour extraire son idole de son moniteur afin de disposer d’elle comme d’un programme informatique. La filmographie (déjà conséquente !) de Cédric Prévost (également romancier et professeur au Cours Florent) témoigne à chaque opus d’une quête obstinée que sa constance finit par rendre obsédante. De Elle (1997) à D’après une histoire vraie (2016), tous sont mus par l’idée de rencontre et de désir de l’autre. Un jeune homme et une jeune femme « que tout sépare » (Alter ego, 2008), un employé de bureau et une escort girl dans une chambre d’hôtel parisien (Hymen, 2009), un aspirant réalisateur se réveille dans un film et cherche à revenir à la réalité pour ne pas perdre la raison et retrouver l’amour de sa vie (Catharsis, 2010), un couloir désert du métro est autant une menace qu’un lieu de promesses pour une jeune femme noire et un petit voyou venu d’abord l’agresser (Skin, 2013), un jeune homme le même soir se fait à la fois larguer par sa dulcinée et tabasser par une bande de « ouech » (D’après une histoire vraie... vraie parce que vécue par l’acteur lui-même, Alexandre Steiger, par ailleurs réalisateur, primé à Clermont 2018 avec Pourquoi j’ai écrit la Bible)... Les objets du désir demeurent... obscurs ! Si le cœur a ses raisons, la Raison les ignore avec superbe voire cruauté ! Alors, à noble cause les grands moyens ! Enfin Guillaume prêt à venger le sort de ses congénères ! L’épris inassouvi, légitimé par l’avancée technologique de son temps, se mue en démiurge ! Oui mais non ! Tel épris qui croyait prendre (!!). Juste un apprenti sorcier de plus... Ou un... « kinophrène » ! Comme son auteur ?... Kinophrénie, tel est le titre du film réalisé en 2011 par Sophie Paviot, « portrait particulier de Cédric Prévost réalisateur de Catharsis, un film qui se nourrit d’un autre ».

6ème
court-métrage

Tempus fugit

Réalisateur : Lorenzo Recio

Année : 2019

Durée : 21 min

Résumé : Deux septuagénaires, Jeanne et Paul, mènent une vie tranquille et morne de retraités dans les Alpes de Haute Provence. En ce jour de canicule, la subite apparition d’une rivière va définitivement bouleverser leur quotidien jusqu’au plus profond de leur chair. « De l’animation à la prise de vues réelles l’univers de Lorenzo Recio emprunte au conte et à la mythologie. On y croise des minotaures, des hommes à tête d’âne ou à gueule de chien et des fillettes échappées des mondes de Balthus et Lewis Carroll ». Doué très jeune pour le dessin, mais sans passer par une école, l’autodidacte ambitionne d’oeuvrer dans l’illustration ou la bande dessinée. C’est un ami croisé dans un train qui l’aiguille vers une place à prendre dans le dessin d’animation. Il a donc su prendre le bon train en marche. Avec le train suivant, il n’aurait peut-être jamais fait de cinéma! Débuts comme intervalliste, celui qui exécute les dessins intermédiaires. Mais la dizaine d’années passées en ce territoire de contraintes et en conditions industrielles l’amène à vouloir s’exprimer par lui-même, qui plus est en contexte artisanal, notamment en refus total de la 3D. Outre quelques clips, deux courts attirent l’attention : Le principe du lézard (1995), à l’encre de Chine, et Le bal du minotaure (1997), au pastel. Là aussi surgit une crainte, avec l’aspiration à échapper à la sclérose de l’aspect monacal et trop répétitif de l’animation. L’attraction pour le conte, le mythe, le fantastique, ne s’épanouit désormais que par le vecteur de la prise de vues réelles en des fictions toutes marquées par le farouche souci de n’instaurer aucune limite à l’imaginaire : L’infante, l’âne et l’architecte (2001), Le marin acéphale (2005), Lisa (2007), Le journal de Mademoiselle M (2009), The red shoes (2010), Shadow (également programmé à la Soirée courts du 6 novembre 2014) alternent ainsi avec divers travaux sur des clips, des habillages pour des chaînes de télévision et autres sujets de magazines. « Au pays de Descartes et Rohmer » le défi est bel et bien de faire sourdre le fantastique là où on ne l’attend pas, à partir du réel le plus concret basculant dans l’irrationnel et dans une autre dimension. Inspiré du conte japonais La fontaine de jouvence, Tempus fugit compte parmi ses collaborateurs un certain... Pascal Mieszala !

7ème
court-métrage

Nefta Football Club

Réalisateur : Yves Piat

Année : 2019

Durée : 17 min

Prix / distinctions : Prix de public au Festival de Cleront Ferrand 2019 - Mention du jyry et prix "Méche Courte Réseau Médiation Cinéma" au Festival Saint Pau Trois Châteaux 2019

Résumé : Dans un village tunisien, des enfants jouent au football sur un terrain sans lignes de démarcation. Pendant ce temps, Abdallah et Mohamed tombent sur un âne avec un casque sur les oreilles et des sacs accrochés sur les flancs, contenant une poudre blanche. Les deux jeunes frères décident de ramener ces sachets au village. Le moins que l’on puisse dire est que Yves Piat a singulièrement laisser filer le temps entre 2001 et 2018, sans doute parce que c’était inscrit dans le titre de son précédent court métrage, il y a dix-huit ans... Tempus fugit (titre d’ailleurs usité par plusieurs films, téléfilms ou spectacles). Maurice Garrel (père de Philippe, grand-père de Louis) y incarne un septuagénaire mélomane qui, en 1925, fait la rencontre d’un étudiant en médecine. Alors que le tournage était initialement prévu au Maroc, « la région de Nefta était idéale, selon le réalisateur, car à la fois elle était à la frontière algérienne comme dans le script et nous offrait des décors proches les uns des autres, sans nécessités de déplacement. C’est à peine un mois avant le tournage que nous avons décidé, pour des raisons essentiellement économiques, que le film se ferait en Tunisie ».

8ème
court-métrage

The ostrich politic

Réalisateur : Mohamad Houhou

Année : 2018

Durée : 6 min

Résumé : Il est temps d’en finir une bonne fois pour toutes avec une idée reçue bien ancrée en nos esprits depuis que les autruches existent ! Il est faux de croire que celles-ci plongent leur tête dans le sol chaque fois qu’il y a danger ou menace ! Le problème est que ce sont les autruches elles-mêmes qui y croient dur comme fer, comme s’il s’agissait d’un comportement instinctif et naturel inscrit dans leurs gènes. Par bonheur les recherches du Docteur Kais, phylogénéticien, viennent prouver le contraire, et le président Oswald, du coup, est prompt à exhorter son peuple à relever la tête. Hélas, Kais est contredit par le Docteur Smith, qui prédit les pires maux à qui voudrait garder la tête à l’air ! Il va donc falloir trancher, et pour une fois sans plonger le museau ! Le réalisateur libanais de ce film de fin d’études de l’école des Gobelins (lui aussi encadré par une équipe pédagogique avec Emilie Mercier !) a d’abord écrit le scénario comme un poème, avec un texte off versifié. « Comment peut-on savoir que la vérité n’est pas la vérité ? », telle est la question soulevée par cette allégorie qui interroge la façon dont nos sociétés se construisent autour de croyances erronées et particulièrement difficiles à remettre en cause et nous incite à cesser de nous voiler la face. Mais pas trop... tête en l’air quand même !...

Soirée spéciale
Invité – Débat

Lorenzo Recio                                          Cecilia De Arce                                                          Gilles Colpart