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Résumé : Dans une petite ville du Sénégal, deux frères s’opposent à propos du mariage de leurs enfants. Deux visions du monde s’affrontent, l’une modérée, l’autre radicale. Les jeunes Nafi et Tokara rêvent, eux, de partir étudier à Dakar, la capitale, et de vivre avec leur époque.
Pays : Sénégal
Année : 2019
Durée : 1h49
Version : VOST
Titre original : Baamum Nafi
Date de sortie en France : 9 juin 2021
Réalisateur : Mamadou Dia
Scénario : Mamadou Dia
Image : Sheldon Chau
Musique : Gavin Brivik
Avec : Saikou Lo, Alassane Sy, Penda Daly Sy...
Fiche
bobine
La belle et fière Nafi souhaite épouser son cousin Tokara. Homme d’Église, le père de Nafi est prêt à les marier, mais il entre en conflit avec son frère, le père de Tokara. Candidat à la mairie, ce dernier représente un visage beaucoup plus conservateur de l’Islam. Les deux pères souhaitent le bonheur pour leur enfant, mais leurs convictions sont inconciliables. Ainsi, le premier, pourtant traditionaliste et rigoureux, exerce sa charge d’imam avec une main douce le rendant aveugle aux menaces. Le second voit dans la trop grande bienveillance de son frère une faiblesse et l’opportunité d’imposer un Islam conservateur et politique.
Dès lors, les rouages de la tragédie shakespearienne sont en marche : les amoureux deviennent progressivement des pions dans l’affrontement entre progrès et tradition.
Traité avec une grande maîtrise autour d’un combat fraternel et idéologique à base de manipulation où les enfants ne sont que des spectateurs puis des victimes, le film est à sa manière une sorte de western avec une frontière très nette entre le bien et le mal. Pourtant, le ton général nous emmène plutôt vers la mélancolie et la bienveillance à l’image du visage du père de Nafi dont le regard triste mais jeune, et les sourcils étonnés ne cessent de nous interroger. Les couleurs sont chaleureuses sans que cela ne tourne au pittoresque, les personnages ont de l’humour sans être crédules et la musique vient régulièrement désamorcer la tension des scènes dans lesquelles les germes de la violence sont bel et bien là pour qui sait les voir.
Mais ne soyez pas dupes. Le premier long métrage de Mamadou Dia a la force universelle de la tragédie avec ses passions humaines, ses catastrophes, et les liens douloureusement inextricables du sang. Le père de Nafi est un film au présent dont l’esthétique traduit une perpétuelle et haletante tension entre les opposés qui entraîne les spectateurs avec conviction et séduction.
Sources : senscritique.com, 3continents.com, publikart.net, polyester.fr
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bande-annonce
Evénement
en partenariat
Le père de Nafi, film proposé en partenariat avec les Musicaves, fait écho au chanteur camerounais Blick Bassy qui sera en concert le vendredi 2 juillet où il présentera son nouvel album 1958.
Celui-ci doit son titre à l’année au cours de laquelle le militant indépendantiste camerounais Ruben Um Nyobè fut assassiné par l’armée coloniale française. L’artiste s’empare de cet héritage et ravive la mémoire de ce héros que les autorités camerounaises, sous férule française, ont voulu oublier.
En concert, Blick Bassy interprète notamment le titre qui ouvre l’album Ngwa où sa voix devient chant de procession collectif. En langue bassa, « Ngwa » signifie « l’ami ».
On comprend très vite que cet album questionne les révoltes d’hier autant que celles d’aujourd’hui.
A sa manière, Le père de Nafi du cinéaste sénégalais Mamadou Dia qui raconte l’affrontement d’un iman modéré et du partisan d’un iman beaucoup plus conservateur pose la même question toujours d’actualité : qu’est-ce qu’on a fait et qu’est-ce qu’on fera des luttes menées ?