Une vieille demeure isolée où habite, tel un fantôme car oubliée de tous, une célébrité de l’âge d’or du cinéma…. Quel cinéphile qui se respecte ne pense pas immédiatement au chef-d’œuvre de Billy Wilder en voyant cette vieille dame vivant dans ses souvenirs de grande actrice du passé, entourée d’un acteur au crépuscule de sa vie, d’un scénariste frustré et d’un ancien réalisateur.

Avec La Conspiration des belettes, on arpente au moins autant le Boulevard du crépuscule que l’on goûte à l’Arsenic et vieilles dentelles de Frank Capra. En effet, ce film argentin mélange astucieusement la nostalgie morbide du premier et le fol humour macabre, ainsi qu’un certain sens de la théâtralité, du deuxième pour en faire un divertissement de haut vol.

Juan José Campanella y alimente sans compter tous les ressorts de la comédie loufoque aux forts accents mélodramatiques. La quiétude du quotidien, tout juste ponctuée d’éternelles chamailleries entre vieilles canailles, ne tarde pas à y voler en éclats, au profit d’une guéguerre savoureuse autour de l’affection et de la fortune immobilière de la diva sur le déclin. Chaque nouveau retournement de situation y fait mouche, parce qu’on le voit venir de loin et parce que l’ensemble des acteurs sans reproche réussit à nous faire croire aux enjeux dramatiques de cette farce plaisante.

Dans ce nouveau long métrage de Juan José Campanella, les acteurs sont malicieux et caustiques, le scénario réserve de belles et morbides surprises et la mise en scène est dynamique. Ce film est avant tout une comédie drôle, acerbe et féroce sur la confrontation de l’Argentine d’hier et d’aujourd’hui, et surtout, comble du plaisir, le film est totalement amoral.

Sources : critique-film.fr / madinin-art.net.