C’est l’été, dans une ville française au bord de la mer. Nour (Maël Rouin Berrandou, épatant) un ado de 14 ans repeint le couloir de son collège dans le cadre d’une mesure éducative. C’est alors qu’il entend une voix cristalline qui s’élève depuis une salle de classe. Il se rapproche et observe à la dérobée un atelier animé par Sarah (Judith Chemla) une chanteuse lyrique. Cette rencontre va lui ouvrir de nouveaux horizons et il ne doit pas passer à côté de cette chance : il a le chant en lui… Mais dans les quartiers populaires, on a souvent d’autres préoccupations que la culture, entre autres trouver les moyens pour survivre au mieux. Alors, allez donc parler d’opéra, perçu comme l’Art élitiste par excellence, on vous considèrera comme un illuminé.
C’est tout cela que raconte Mes frères et moi, premier long métrage du réalisateur, librement adapté de la pièce de théâtre Pourquoi mes frères et moi on est parti... de Heidi Tillette de Clermont-Tonnerre. Yohan Manca l’avait montée et jouée à l’âge de 17 ans. Il confie : « Il s’agissait de quatre monologues dits par quatre frères. Il y avait notamment le thème de la rencontre d’un personnage avec l’art alors que rien ne le prédestinait à ça. Cette idée correspondait avec ce que je vivais alors ».

Yohan Manca choisit une approche romanesque pleine de charme, très vivante mais solidement ancrée dans une réalité remarquablement observée et restituée. Il a choisi cependant de ne pas situer précisément son récit, ni dans les lieux, ni dans le temps.

Chronique sociale, récit initiatique attachant, Mes frères et moi emporte l’adhésion grâce à sa sincérité et à son charme incroyable, sa fraîcheur, son humour, sa manière délicate de faire naître l’émotion. Un film qui, sans naïveté ni manipulation, fait un bien fou.

Sources : Utopia, décembre 2021 – aVoir-aLire.com – cineuropa.org