Tout commence à Casablanca, dans un de ces taxis qui sillonnent la ville nuit et jour, et dans lesquels la parole, sans crainte ni tabou, se livre sur la banquette arrière. Celle de Rajae, qui vient de monter, est libre, directe, provocatrice comme ses lèvres aussi rouges que son blouson de cuir. Clope au bec, elle raconte une histoire drôle au chauffeur qui l’écoute très – trop – attentivement. Et puis un choc, le noir, l’accident. Comment, pourquoi Larsen Snake se trouve-t-il justement là, sur cette route, à cet instant, à cette seconde précisément ? Certainement pas le fruit du hasard : ces deux-là étaient faits pour se percuter, pour croiser leurs blessures et mêler au tumulte de la ville le chaos rythmé de leur feu intérieur.
Larsen Snake (comme un larsen et comme un serpent) revient à Casa après de longues années d’absence. Il avait quitté le pays en pleine gloire, quand il était encore le leader charismatique, adulé et totalement shooté, d’un fameux groupe de rock. Il a des comptes à rendre, et surtout, pas mal d’ardoises à régler…
L’histoire qui suivra sera aussi mélancolique qu’une chanson d’Oum Kalsoum et aussi violente qu’un riff de Jimi Hendrix. Car entre la prostituée rebelle qui voudrait s’affranchir de son proxénète paternaliste et le chanteur revenu de tout mais qui n’a pas encore vaincu ses vieux démons, la tendresse, soudain, s’impose… Car Rajae a une voix en or et à son contact, le sang froid de Larsen Snake soudain se réchauffe… Mais on n’échappe pas comme ça ni à son passé, ni à sa condition, et les deux amants vont devoir s’enfuir.
Burning Casablanca est un film fiévreux, porté par l’énergie abrasive du rock et une passion dévorante pour le cinéma. Ismaël El Iraki mélange les genres, régurgite ses influences, contrebalance la noirceur de son propos par une ardente pulsion de vie. Western foutraque dans les bas-fonds Casaoui, strié par les riffs de guitare électrique, Burning Casablanca est une sorte de cocktail Molotov cinématographique tout droit venu du Maroc.
Franchement, ça décoiffe !

Sources : American-cosmograph.fr – Utopia 25/11/202