En 2016, le réalisateur finlandais Juho Kuosmanen obtenait le Prix Un Certain Regard au festival de Cannes pour son premier long métrage Olli Mäki. En 2021, il récidive avec le Grand Prix pour son second film Compartiment n°6, qui se déroule en Russie, en 1996, un temps à la fois lointain et proche où Internet n’existait pas et où les téléphones portables étaient une rareté. Dans cette Russie postsoviétique, où quelques étudiants étrangers osaient s’aventurer, Laura, jeune archéologue finlandaise projette d’aller à Mourmansk étudier les pétroglyphes, gravures rupestres sur les rochers de la mer arctique.

Lâchée par son amie russe Irina, elle entreprend seule, comme on tourne la page, le long périple en train de Moscou à Mourmansk. Elle est contrainte de partager jour et nuit le compartiment numéro 6 avec Vadim, jeune russe fruste sinon rustre, un peu trop porté sur la vodka. Les échanges sont d’abord difficiles, rudimentaires, au bord de l’hostilité. Le rapprochement est fragile, les inhibitions s’en mêlent, quelque chose résiste… commence alors un voyage initiatique et sensoriel entre les paysages de Russie et les paysages intérieurs des deux personnages.

La plupart des scènes se passent dans l’exiguïté d’un wagon, la caméra colle aux visages, et les personnages scrutés de près donnent un souffle à ce récit intimiste et subtil. Mais grâce à un rythme intéressant, lors d’arrêts parfois très longs, la caméra sort du train pour nous faire découvrir une Russie gaie, vivante et généreuse, très éloignée des stéréotypes propres à la représentation habituelle de ce pays.

Le visage de Laura s’éclaire peu à peu au fil de ce long périple où elle découvre un être spécial à travers le visage de Vadim.Compartiment n°6 constitue un film original et profond, où l’on a plaisir à découvrir le jeu passionnant des acteurs. C’est une oeuvre qui invite aussi au rire, à l’émotion, à la douceur de vivre et qui s’inscrit dans la tradition ancienne du film romantique.

Sources : Télérama.fr, Avoir-Alire.com, dossier de presse.