Avez-vous oublié Good bye Lenin ? Certainement pas Daniel Brühl, révélé en 2003 dans ce très beau film et qui, pour son premier long métrage, va en garder le sujet et l’esprit, à savoir la chute du mur de Berlin et la dérision. Sans peur de s’afficher des deux côtés de la caméra, il va nous parler, trente ans après, de ruines qui respirent encore…

Daniel (alter ego du réalisateur ?) est un acteur en vogue. Entre deux rôles, il vit dans l’aisance bourgeoise du Berlin d’aujourd’hui, une bourgeoisie volontiers installée dans les quartiers est de la ville. Etre sans cesse dans la peau d’un autre n’aide pas vraiment un acteur à se regarder soi-même, mais un certain hasard va mettre Daniel face à Bruno, qui habite l’immeuble d’à côté. C’est un ancien de RDA, possible produit de la Stasi, et qui a conservé tous les ustensiles de sa vie antérieure. A petits coups de canif, comme on épluche un légume, il va mettre Daniel peu à peu face à sa nudité… L’un sait tout de l’autre, l’autre ne sait rien, c’est jouissif et corrosif, ça en dit long sur une Allemagne reconstituée sous les bravos mais qui tousse encore dans l’ombre de ses ruelles.

Le film est construit comme une pièce de théâtre : décors réduits à l’essentiel, un bar, un appartement, quelques plans extérieurs, des scènes découpées au cordeau, on imagine presque les mouvements de rideau.

Daniel Brühl avoue volontiers une part d’autodérision, ce qui prouve qu’il est bien plus qu’un excellent acteur. Il a su s’entourer de partenaires plus vrais que nature, et l’on sort de salle avec un curieux sentiment de bien-être… car Next Door est une comédie plutôt noire, un huis clos entre deux hommes mais aussi entre deux mondes.

Sources : Critique-film.fr, mondocine.net