Présenté en compétition à Cannes dans la section Un Certain Regard, Lamb est une sorte de fable fantastique convoquant le rapport entre l’homme et l’animal mais surtout la notion de maternité et de paternité avec un sujet improbable comme on en voit peu de nos jours. La réussite est encore plus remarquable quand on sait que cette coproduction entre la Suède, la Pologne et l’Islande est un premier film. Un vrai tour de force pour le réalisateur Valdimar Jóhansson qui coche toutes les cases gagnantes de la maîtrise formelle comme narrative et qui évite également tous les écueils qu’un tel sujet laissait présager, notamment celui de sombrer dans le ridicule ou l’abstrait hermétique.
Oubliez tout ce que vous avez déjà vu au cinéma et laissez-vous emporter par la beauté âpre des paysages et la brume froide et enveloppante de l’Islande. Le film confronte avec ambiguïté et intelligence deux mondes : le monde fragile des humains de la ferme et le monde inconnu et mythique des montagnes hostiles, où l’on ne peut pas contrôler la nature.
Conte gothique ou légende rurale, Lamb embrasse la mythologie nordique pour nous offrir une tendre mais rude balade sur une île où il n‘existe que trois saisons : l’automne, l’hiver et l’espoir.
L’épure dans Lamb est un excellent moyen pour faire accepter l’invraisemblance. En franchissant peu à peu la frontière du fantastique, le film ne perd jamais la rigueur qui le rend fascinant et implacable. Il y a une tension de thriller, mais aussi de la chaleur humaine.
Formé à Sarajevo à l’école du cinéaste hongrois Béla Tarr, le réalisateur a apporté un soin tout particulier aux images et aux sons. Une douce lumière naturelle magnifiée par le travail d’Eli Arenson, le chef opérateur et des acteurs inspirés participent à la réussite d’une œuvre à nulle autre pareille que l’on n’oubliera pas de sitôt.
Un film à la fois sublime, original, fantastique et perturbant !

Sources : Télérama 22/12/21 – La Croix 29/12/21 – baz-art.org – senscritique.com