John est habitué à regarder la vie des autres à travers une vitre…littéralement puisque ce grand type taiseux et doux exerce la profession de laveur de vitres dans la ville de Belfast en Irlande du Nord. Symboliquement aussi, le héros de ce film poignant regarde la vie à travers une barrière invisible, celle de la maladie grave, bientôt fatale. On ne saura jamais laquelle, on en verra rarement les symptômes, on n’apercevra que furtivement un service hospitalier d’oncologie.

Le réalisateur, Uberto Pasolini, s’intéresse à d’autres effets secondaires, à la manière dont la mort effective ou annoncée affecte les vivants.

John, père célibataire de Michael, petit garçon de 4 ans qu’il élève seul depuis que sa mère a quitté le domicile, se voit donc obligé de lui chercher des parents adoptifs. Le film s’égrène au rythme des visites aux familles candidates, aux profils et névroses variés. John doit décider de l’avenir de son fils : des parents riches, gages de l’aisance financière qu’il n’a jamais connue ? Des adoptants professionnels dont la maison remplie d’orphelins pourraient lui offrir frères et sœurs ? Une femme seule qui rêve d’être mère ?…

Le bambin qui comprend tout et ne comprend rien, trimballé d’une potentielle famille d’accueil à l’autre, assimile son sort par petites touches progressives avec les moyens de son âge.

Douceur et délicatesse sont au rendez-vous de ce film qui ne succombe jamais à la facilité et à la surenchère du mélodrame. Le motif de cette histoire est la beauté de la relation entre un père et son fils, et le ressort tragique qui constitue le préalable à la narration, s’efface vite au profit d’une immense tendresse à l’égard de ce duo magnifiquement interprété. Les comédiens touchants, sobres et pudiques font de ce film « un endroit comme un autre ».

Sources : Cinema-teaser.com, aVoir-aLire.com, Télérama, Le Monde 8 déc 2021