Ali, fils d’une famille bourgeoise d’origine indienne, est un ancien DJ quadragénaire, barbu et hâbleur. Ava, la cinquantaine, est une mère et une grand-mère issue des quartiers populaires, entièrement dévouée à sa famille et à son travail d’assistante scolaire. C’est le hasard qui les réunit un jour de pluie, quelque part dans le Yorkshire, au nord de l’Angleterre. Entre Ali et Ava une complicité inattendue se noue.
Pour son troisième long métrage, la réalisatrice et scénariste Clio Barnard confirme sa capacité à créer des personnages complexes et touchants. Reprenant la thématique rebattue du couple improbable, elle donne une épaisseur et une fraîcheur bienvenues à ses personnages principaux, deux solitaires dans la force de l’âge, qui, tels des adolescents stupéfaits, s’étonnent d’avoir peut-être rencontré l’âme sœur. De ces destins fracturés, Clio Barnard crée une relation tendre et profondément humaine.
Bien sûr, on ne peut s’empêcher de penser au cinéma social britannique, aux films de Ken Loach. La ville de Bradford, économiquement sinistrée, avec ses murs de briques et de grisaille offre un décor peu engageant pour Ali et Ava. Mais malgré cet environnement toxique qui pèse sur eux, ils s’appliquent tous deux à réenchanter leur univers personnel au contact de l’autre. Avec bonté et humour, Ali et Ava œuvrent à leur niveau à remettre en question la violence du déterminisme social. Le film oscille ainsi entre le drame et la comédie ; avec légèreté et intelligence, il joue sur les oppositions pour dessiner avec élégance une complicité émouvante et crédible.
La musique prend ainsi une place particulière. Si, dans un premier temps, elle confirme les différences entre Ali et Ava (lui vibre pour la musique rock, électro et le rap alors qu’elle ne jure que par les doux accords de la country et de la folk), elle devient vecteur de leur rapprochement. Elle suit l’évolution des personnages au rythme de leurs morceaux préférés et des soubresauts de leur cœur.
Ali et Ava propose un nouveau modèle de romance qui, avec charme et délicatesse, fait la part belle à la rébellion et à la tolérance.

Sources : Dossier de presse – lebleudumiroir.fr – culturaddict.com – 2 mars2022