Après Party Girl réalisé en trio avec Claire Burger et Marie Amachoukeli, Samuel Theis prend son envol en solo en même temps que son jeune héros. Avec Petite Nature, il est définitivement à la hauteur du sujet.
Tout commence par une scène déchirante, une séparation assumée mais néanmoins douloureuse. Une mère quitte son compagnon et déménage, flanquée de ses trois enfants : un adolescent qui a l’air de s’en moquer complètement, une gamine étonnée, et Johnny, 11ans, jeune garçon aux boucles blondes et à la frêle féminité. Ce dernier, alter ego du réalisateur, observateur du monde des adultes dans sa cité HLM de Forbach, sera désormais de tous les plans. Sous son allure gracile, on perçoit immédiatement une détermination farouche, Johnny se cherche, cherche sa voie… Et c’est le nouvel instituteur, Jean Adamski (Antoine Reinartz) qui va lui ouvrir une lucarne sur un autre monde…
Ecrit d’une plume emplie d’intelligence et de finesse, Petite Nature brasse des thèmes forts mais surtout il ose se détacher du politiquement correct pour questionner, déranger… Tout cela filmé avec tendresse, d’où la force tranquille d’un film tenu de bout en bout et porté par la découverte majeure qu’est Aliocha Reinert, jeune garçon prodigieux, émouvant, rebelle. Dans le rôle de Johnny, il dégage un charisme hypnotique, tout aussi atypique que la vie de son personnage. Cette performance impressionne mais les autres comédiens sont aussi formidablesde vérité : Antoine Reinartz est parfait dans le rôle de l’instituteur bousculé. Mélissa Olexa et Izïa Higelin campent impeccablement leur rôle de mère et de femme fortes.
Petite Nature confirme le grand talent de Samuel Theis. La réalisation, sobre et délicate, trouve le juste ton pour traiter des émois compliqués d’un enfant à qui on veut trop vite faire jouer un rôle d’adulte.

Sources : Dossier de presse – Utopia-Bordeaux 26/02/22 – Bande à part 16/02/22 – Europa cinéma – juillet 2021