Plumes
jeudi 7 avril 2022
16:00 et 18:30 et 21:00
Résumé : Une mère passive, dévouée corps et âme à son mari et ses enfants. Enfermée dans un quotidien monotone, rythmé de tâches banales et répétitives, elle se fait aussi petite que possible. Un simple tour de magie tourne mal pendant l'anniversaire de son fils de quatre ans et c’est une avalanche de catastrophes absurdes et improbables qui s’abat sur la famille. Le magicien transforme son mari, un père autoritaire, en poule. La mère n’a d’autre choix que de sortir de sa réserve et assumer le rôle de cheffe de famille, remuant ciel et terre pour retrouver son mari. Luttant pour sa survie et celle de ses enfants, elle devient peu à peu une femme indépendante et forte.
Pays : Egypte
Année : 2021
Durée : 1h52
Version : VOST
Titre original : Feathers
Date de sortie en France : 23 mars 2022
Réalisateur : Omar El Zohairy
Scénario : Omar El Zohairy et Ahmed Amer
Image : Kamal Samy
Avec : Demyana Nassar, Samy Bassouny, Fady Mina Fawzy...
Fiche
bobine
Avec son premier long métrage, déjà primé plusieurs fois dans nombre de festivals , le réalisateur Omar El Zouhairy débarque sur la planète cinéma comme un ovni décoiffant, bien loin des standards habituels du cinéma égyptien.
Plumes est un conte kafkaïen mitonné dans une farce… Une famille, inscrite dans la pauvreté ordinaire et chronique de l’Egypte, s’offre les services d’un magicien pour fêter les 4 ans d’un enfant ; le magicien transforme le père en poulet, mais ne sait pas le faire revenir… Exit la stature toute puissante du patriarche, reste une femme perdue qui, seule avec ses trois enfants (et un poulet), doit apprendre à survivre…
Qu’on ne s’y trompe pas, la farce est ici d’abord un outil pour infiltrer la réalité et la mettre en valeur. Car on est dans la crasse et la misère, le film est une chronique de la survie dans les bas- fonds de la pauvreté, qu’avaient si bien décrite par le passé Naguib Mahfouz et Albert Cossery en littérature, et que Omar El Zohairy restitue parfaitement en images, comme si rien n’avait changé. Il fait ressortir, tout en finesse, l’exploitation humaine, les manipulations d’argent, le système D, mais aussi l’humour et la solidarité, en parvenant à éviter tout misérabilisme et complaisance.
Par son approche de l’absurde et du burlesque, il est dans le sillage de Ionesco, Tati ou Elia Suleiman, et son travail de cinéaste, à la fois sobre et sensible, n’est pas sans rappeler Ari Kaurismaki.
La photographie est particulièrement réussie. Utilisant de larges plans-séquences qui laissent respirer le film autant que les acteurs (ce sont tous des non-professionnels), Omar El Zohairy travaille volontiers comme un peintre : la toile de fond est un camaïeu de gris poussière savamment composé sur lequel les touches de couleur apportées, souvent à valeur symbolique, se détachent d’autant mieux.
Ironie du sort, Plumes a été couronné au festival égyptien d’El Gouna à l’issue d’une seule séance, car la bien-pensance proche du régime a immédiatement condamné le film pour « atteinte à l’Egypte et aux Egyptiens », et suspendu toute projection…
Sources : Cineuropa, Bande à part, Les Cahiers du cinéma mars 2022