Dans ce fim, Ryusuke Hamaguchi nous décline en trois épisodes, s’apparentant à des facettes indépendantes d’un diamant, des histoires courtes tournant chacune autour d’une femme.
D’un triangle amoureux inattendu, à un piège à séduction raté jusqu’à une rencontre qui résulte d’un malentendu, il n’est pas question d’une même famille, d’une même ville ou bien d’un lien aussi évident. Cet opus traite d’histoires d’amour dont le passé rebondit dans le présent…

Dans Contes du hasard et autres fantaisies, la petite musique de Ryusuke Hamaguchi est immédiatement reconnaissable, dans un territoire sentimental qui se situe entre Hong Sang-soo et Eric Rohmer, là où la légèreté semble danser un pas de deux.

Les trois récits du film ont en commun une superbe écriture, une fluidité de mise en scène et un caractère romanesque certain, avec en point d’orgue le hasard, le passage du temps et le jeu, peut-être le plus subtil de tous.

Comme à son habitude, Hamaguchi sait instaurer une présence immédiate dans ses séquences, comme si sa caméra devenait le plus naturellement du monde le troisième ou le quatrième personnage de ses échanges. De la sorte, son œil focalisé se permet de suspendre le temps et de pénétrer dans l’intimité de sentiments réveillés.

Cet examen des questions de la sincérité, du mensonge et des faux-semblants fait ainsi passer Hamaguchi du statut de cinéaste intimiste, presque sentimental, à celui, plus noble et altier, de moraliste.

Le réalisateur a la faculté de nous conduire là où il en a envie. Mettons-nous sans hésiter sur le siège passager.

Sources : Télérama 5 avril 2022 – Le Monde 6 avril 2022