Cinéaste hongroise, rare et précieuse – Caméra d’Or à Cannes avec Mon Vingtième Siècle en 1989 et Ours d’Or à Berlin en 2017 avec Corps et Âme -, Ildiko Enyedi adapte pour son septième long métrage L’Histoire de ma femme, un roman phare de la littérature hongroise écrit par Milan Füst en 1942.

L’Histoire de ma femme raconte les joies, les peines, les découvertes et les désillusions d’un couple atypique. Lui, Jakob, est capitaine au long cours néerlandais. Elle, Lizzy, est une mondaine parisienne. Leur histoire d’amour démarre dans les années 1920 sur un défi fou : Jakob fait un pari avec un ami dans un café, celui d’épouser la première femme qui en franchira le seuil et cette femme c’est Lizzy, un être mystérieux, libre et indépendant.

Le film comporte sept titres de chapitres, qui ne sont pas tirés du livre. Ildiko Enyedi revient sur ce choix : « Le roman est comme une longue divagation sous la forme d’un monologue intérieur, d’un courant d’auto-analyse et de réflexion. Lorsque j’ai remodelé l’histoire, j’ai voulu créer une sorte d’itinéraire pour Jakob, des instants où, encore et encore, il fait le point sur ses erreurs et choisit une nouvelle approche, dans l’espoir d’y arriver la prochaine fois. […] Ces titres de chapitres peuvent aider le spectateur ou la spectatrice à faire une pause, à prendre la mesure de ce qu’il ou elle vient de voir, et à se préparer pour une nouvelle aventure dans l’histoire mouvementée de Lizzy et Jakob. »

L’Histoire de ma femme a été tourné en cinquante-huit jours, d’abord à Hambourg puis à Budapest et à Malte. La mise en scène est sublimée par l’image de Marcell Rév, chef-opérateur hongrois qui a travaillé avec Kornél Mundruczó (White God, La Lune de Jupiter) et Sam Levinson.

Sans jamais forcer le trait, la réalisatrice crée un univers romanesque d’une richesse captivante. Les décors sont somptueux et toujours au service de la rigueur narrative du film. Toute la gamme de l’amour est passionnément jouée sous nos yeux. Le sentiment amoureux est pareil à une mer où circulent des courants profonds et contraires. En s’appuyant sur des comédiens remarquables, elle explore la fragile solidité masculine de Jakob et effeuille les contrastes de la féminité de Lizzy, héroïne spontanée et indéchiffrable, aimante et distante, coupable et innocente .

Sources : dossier de presse / Télérama et L’Humanité 16 mars 2022 / Positif mars 2022