Troisième film de Jonas Carpignano, A Chiara commence par une très belle et longue séquence de fête familiale. On s’amuse, on danse et on plaisante. L’héroïne du film, Chiara, a 15 ans. Elle
vit dans une petite ville en Calabre, dans le Sud de l’Italie, avec sa famille organisée en clan. Son père Claudio disparaît au lendemain de la fête d’anniversaire. Débute alors une enquête pleine de rebondissements pour comprendre où il est passé, enquête à l’issue de laquelle Chiara devra faire un choix…
C’est indéniablement un thriller mais celui-ci se double d’un portrait psychologique. A travers la Calabre connue pour sa mafia (la ’Ndrangheta) et ses problèmes d’immigration, c’est le parcours émotionnel d’une adolescente qui se déroule devant nos yeux. De jour comme de nuit, des zones risquées de la Ciambra aux brumeux champs agricoles, le cinéaste filme de manière picturale les émotions de l’adolescente. Une ambiance chaleureuse et rougeoyante pour une fête d’anniversaire ; des nuances de gris au moment des recherches ; un surplus de vêtements noirs ou d’ombres dès lors que vient la nuit dont on redoute les affres. La musique, particulièrement marquante, est utilisée de manière peu conventionnelle.
A Chiara est porté par la formidable interprétation de tous les acteurs non professionnels, jouant des personnages proches peu ou prou de leur véritable personnalité et tout particulièrement de l’incroyable Swammy Rotolo qui incarne Chiara.
Jonas Carpignano évite les clichés éculés des histoires sur la mafia pour réaliser un magnifique film de famille, une sorte de tragédie antique déchirée par des moments bouleversants, où les liens indéfecti-bles du sang unissent définitivement frères, sœurs, parents « à la Ndrangheta ».

Un film à la fois haletant, douloureux, intense et sensible.

Sources : Le bleu du miroir.fr, Sens critique.fr, Ecrannoir.fr