Ashkal, l’enquête de Tunis

lundi 23 janvier 2023

16:30

4 euros la place, sur présentation du pass pour le Festival Télérama, valable pour deux personnes

En avant-première

Résumé : Dans un des bâtiments des Jardins de Carthage, quartier de Tunis créé par l'ancien régime mais dont la construction a été brutalement stoppée au début de la révolution, deux flics, Fatma et Batal, découvrent un corps calciné. Alors que les chantiers reprennent peu à peu, ils commencent à se pencher sur ce cas mystérieux. Quand un incident similaire se produit, l'enquête prend un tour déconcertant.

Pays : Tunisie

Année : 2023

Durée : 1h32

Version : VOST

Date de sortie en France : 25 janvier 2023

Réalisateur : Youssef Chebbi

Scénario : François-Michel Allegrini, Youssef Chebbi

Image : Hazem Berrabah

Musique : Thomas Kuratli

Avec : Fatma Oussaifi, Mohamed Houcine Grayaa, Rami Harrabi...

Prix / distinctions : Antigone d’Or, Prix de la critique et prix de la meilleure musique, Cinemed Montpellier 2022. Meilleur réalisateur, meilleur acteur, International Film Festival Djeddah 2022.


Fiche
bobine

Les premiers plans d’Ashkal montrent des immeubles qui ressemblent autant à un chantier en cours qu’à des ruines abandonnées : du béton, des trous, du vide. Un panneau en début de film nous présente ce quartier : Les Jardins de Carthage, autrefois destiné à l’essor, espéré comme un lieu riche et moderne. Ces Jardins, tels que Youssef Chebbi les filme, sont fantomatiques et fascinants. Une tension se fait rapidement ressentir. Quelle menace – ou quelle rancune – plane sur la ville ?
Dans les entrailles grises de l’un des bâtiments abandonnés est retrouvé un premier corps calciné. Puis un deuxième…C’est le début d’une épidémie d’immolations étranges, dont deux flics – Fatma et Batal – tentent de démêler la cause, au sein d’une institution policière gangrenée par la corruption. Suicides ? Meurtres ? Actes terroristes ou tueur isolé ?

Loin des codes de la fiction policière classique, l’investigation elle- même devient une errance nocturne, un retour obsessionnel dans des lieux déserts. Carcasses à ciel ouvert filmées comme des divinités de béton, énigmes géométriques, où se perdent les personnages… Le réalisateur choisit de s’échapper du réel pour suggérer, en longs plans hypnotiques, la contagion d’une violence pure, incandescente, incompréhensible, mais habilement instrumentalisée par le pouvoir pour légitimer d’autres violences, dans une Tunisie qui n’a pas fondamentalement changé depuis la chute de Ben Ali.
Face à ce constat, le film ose une échappée progressive vers le fantastique où de nombreuses interprétations deviennent possibles pour saisir l’impensable. « L’épreuve du feu » brandie comme un motif obsédant et hautement symbolique (la Révolution de jasmin a débuté par l’immolation d’un vendeur de fruits et légumes), reste pourtant, de bout en bout, nimbée d’un persistant mystère. Où se situe le mal ? Comment naît-il ? Autant de réponses qui ne font que se heurter à l’impossibilité d’en choisir une.
Brillante métaphore aux interprétations multiples, ce premier film dérangeant, d’une beauté sombre, et d’une maîtrise formelle étonnante, maintient une tension permanente, et provoque un envoûtant vertige.

 

Sources : le polyester.com, Cinemed (Montpellier), mediapart (Cinemed).

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