ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

La Femme de Tchaïkovski

jeudi 9 mars 2023

16:30 et 19:30

Résumé : En Russie, au 19ème siècle. Antonina Miliukova, une jeune femme aisée et apprentie pianiste, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte n’est pas réciproque et Antonia est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui. Dans une mise en scène sobre, Kirill Serebrennikov restitue le portrait saisissant d’une femme prisonnière de son admiration pour le célèbre compositeur russe.

Pays : Russie

Année : 2023

Durée : 2h23

Version : VOST

Titre original : Zhena Chaikovskogo

Date de sortie en France : 15 février 2023

Réalisateur : Kirill Serebrennikov

Scénario : Kirill Serebrennikov

Image : Vladislav Opelyants

Avec : Alyona Mikhailova, Odin Lund Biron, Miron Fedorov...


Fiche
bobine

On aurait tendance à retenir du compositeur Piotr Tchaïkovski l’image d’un homme tourmenté, à la santé psychique fragile, et de surcroît amoureux des jeunes hommes. Kirill Serebrennikov réinvente totalement la biographie du compositeur à travers les yeux de sa femme, Antonina, qui luttera toute son existence contre sa dépendance à cet homme et son désir de le garder pour elle. La musique comme l’homosexualité du pianiste, s’effacent au bénéfice du portrait de cette femme qui semble, pour le cinéaste, incarner à elle toute seule l’état d’une société russe à la fin du 19ème siècle, hantée par un patriarcat tout puissant.
Par son ampleur tragique et l’énigme de cette vie à la fois gâchée et embrasée, La femme de Tchaïkovski esquisse une métaphysique de la passion amoureuse. C’est une œuvre poussée au noir, terrible et splendide, une leçon de ténèbres, en même temps que la révélation d’une histoire méconnue : l’amour fou et non partagé qu’éprouva Antonina Tchaïkovski pour son mari. La mise en scène, entre réalisme et onirisme, distille en plans-séquences entêtants ce précipité de souffrance mentale, filmé comme depuis l’intérieur d’un bocal.
La prouesse du film ne se situe pas dans la qualité des images ou des décors : les lumières sont jaunes, l’obscurité est quasi permanente et la plupart des scènes se passent dans des appartements exigus. L’enjeu est de ne jamais faire disparaître la performance des comédiens dans une surenchère d’effets.
Le réalisateur met toute son énergie dans la seule conduite d’acteurs et la caméra est centrée sur Alyona Mikhailova qui habite son personnage avec une intensité incroyable.
Avec La femme de Tchaïkovski, Kirill Serebrennikov réalise son film le plus noir et le plus cynique à ce jour, mais sans doute le plus riche et le plus complexe. Le final magistral, qui n’est pas sans rappeler Leto (2018) et La fièvre de Petrov (2021), éloigne le film de sa structure de film historique en costumes.

 

Sources : Télérama mai 2022, avoir-alire.fr, lebleudumiroir.fr, le monde.f

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