Dans la Médina de Salé, près de Rabat, Halim est couturier dans un magasin traditionnel de caftans, tenues d’apparat incontournables des cérémonies marocaines. Héritier du savoir-faire de son père (un Mâalem1), il s’applique à le transmettre à son nouvel apprenti, Youssef. Sa femme Mina, quant à elle, s’occupe de la boutique, soucieuse de préserver son mari d’une clientèle toujours plus exigeante. Si tout le monde semble  trouver sa place dans l’échoppe, dans l’intimité, la cohabitation entre ces trois êtres se révèle plus complexe, entre complicité, désir et non-dits.
Pour son second long métrage, Maryam Touzani retrouve la délicatesse de son premier film Adam (2019). Par petites touches, elle dévoile avec pudeur les relations qui se jouent entre le couple formé par Halim et Mina et le nouvel apprenti.
Autour de l’aspect tactile et chaleureux du tissu, elle tisse l’évolution de ses personnages, entre transmission, tradition et passions. Le parallèle entre la proximité des corps et le travail des tissus, le jeu des textures et des couleurs, créent, dans les espaces étroits de l’intimité, une délicate sensualité.
Le Bleu du Caftan est porté par un duo d’acteurs formidables et bouleversants. L’acteur palestinien Saleh Bakri (La Visite de la fanfare, La source des femmes) a été primé au Festival d’Angoulême pour son interprétation de Halim, toute en retenue et émotion. De son côté, l’actrice belge d’origine marocaine Lubna Azabal (Incendies, Adam, Pour la France programmé au prochain trimestre) donne vie avec intensité à une Mina courageuse et incandescente.
Sans se départir de son engagement et de sa liberté de ton, Maryam Touzani réussit avec Le Bleu du Caftan un film tendre et pudique sur un sujet qui aurait pu prêter à tous les clichés.

Sources : Libération 26/05/2022 – Utopia – Lemonde.fr 28/12/2022