ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

L’Homme le plus heureux du monde

jeudi 18 mai 2023

17:00 et 19:00 et 21:00

Résumé : Un speed dating dans un hôtel de Sarajevo, quatorze candidats à l’amour réunis dans une comédie burlesque avec, en écho, l’histoire de l’ex-Yougoslavie. Un film happening où les belles histoires programmées sont court-circuitées par un choc entre passé et présent, mémoire et oubli. La cocasserie et la gravité nourrissent ce film.

Pays : Bosnie-Herzégovine

Année : 2023

Durée : 1h35

Version : VOST

Titre original : Najsrekjniot chovek na svetot

Date de sortie en France : 22 février 2023

Réalisateur : Teona Strugar Mitevska -

Scénario : Teona Strugar Mitevska et Elma Tataragic

Image : Virginie Saint-Martin

Avec : Jelena Kordić Kuret, Adnan Omerovic, Labina Mitevska...

Prix / distinctions : Grand Prix du jury, Les Arcs 2022


Fiche
bobine

Entendons-nous encore la voix d’Aïda ?
Trente ans après, les cendres de la sinistre guerre de Bosnie suintent toujours sur les murs de Sarajevo et dans la tête de ses habitants dont les fêlures restent en mal de guérison. Dans ce décor de Clochemerle, la cinéaste macédonienne Teona Strugar Mitevska (Dieu existe, son nom est Petrunya, 2019) met en scène un huis clos tragi-comique rocambolesque inspiré d’une histoire vraie, où l’humour et l’absurde sont utilisés pour mieux dire combien toute guerre est semeuse de désillusions autant que d’espoirs.
Toute l’ironie du film est déjà dans le titre. L’homme le plus heureux du monde s’appelle Zoran, et c’est un anti-héros infiniment perdu qui traîne sa carcasse à la Buster Keaton dans les allées d’un vieil hôtel de l’ex-Yougoslavie, à la recherche d’un impossible pardon. Inscrit à un speed dating dont il n’a que faire, il y rencontre Asja, la quarantaine comme lui, une femme ordinaire qui voudrait vivre mieux pour effacer un passé qui ne passe pas. Elle ne sait rien de lui, lui seul sait qu’il a tiré sur elle en 1993, quand il était un sniper occasionnel commis d’office…
La rencontre est un combat de boxe : la révolte et la colère d’un côté, l’envie de communier et de pardonner de l’autre qui s’échangent comme des coups de poings. Mémoire contre oubli, passé contre présent, les mêmes coups de poings, magistralement écrits et mis en scène dans une atmosphère décalée et imprévisible qui nous éloigne parfois du réel pour mieux y replonger. Derrière le jeu intense des acteurs, Teona Strugar Mitevska et sa coscénariste Elma Tataragic nous confirment que la vie est une bataille, mais que c’est ici une bataille pour la paix.
Il faut voir aussi ce film comme un hymne à ce qu’était la Yougoslavie, et plus particulièrement la Bosnie, avant la déflagration : un creuset de nationalités et religions différentes, unies par un sentiment de fraternité multiculturelle. On peut comprendre alors la nostalgie de la réalisatrice qui considérait sans doute son pays …comme le plus heureux du monde.

Sources : Fiches du cinéma, les Inrockuptibles et Télérama 22 02 2023

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