ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

Une femme indonésienne

lundi 12 juin 2023

17:00 et 19:00 et 21:00

Résumé : Nana a été séparée de son premier mari après la seconde guerre mondiale. Elle le retrouve quinze ans plus tard alors qu’elle a refait sa vie auprès d’un homme riche aussi généreux que cavaleur, et que des massacres de militants communistes se préparent. Nana est le visage de toutes les femmes indonésiennes d’hier et d’aujourd’hui. La réalisatrice rend hommage à ce beau personnage avec un récit tout en ellipses et sous-entendus...

Pays : Indonésie

Année : 2022

Durée : 1h40

Version : VOST

Titre original : Nana

Date de sortie en France : 21 décembre 2022

Réalisateur : Kamila Andini

Scénario : Kamila Andini

Image : Batara Goempar

Musique : Ricky Lionardi

Avec : Happy Salma, Laura Basuki

Prix / distinctions : Ours d’argent du meilleur second rôle à Laura Basuki, Berlin 2022.


Fiche
bobine

L’intrigue d’Une femme indonésienne, quatrième long métrage de la jeune réalisatrice Kamila Andini, se révèle toute hitchcockienne : et si les chignons des femmes cachaient leurs secrets ? À moins que ces mèches entortillées en spirale ne soient le signe d’un conditionnement et d’un emprisonnement de tout ce qui est féminin.
À cette première approche, la cinéaste indonésienne en ajoute une deuxième, celle qui raconte un pays et son histoire coloniale : le présent de 1960 et la montée du communisme, le passé de 1945 et l’occupation du pays par le Japon. Une femme indonésienne trace en zigzag le portrait d’une femme à la fois emprisonnée dans un passé qu’elle ne cesse de visiter chaque nuit et dans un présent qui lui assure une vie domestique sans soucis d’argent. Ainsi bercée par le confort que lui offre un mari aussi riche qu’infidèle, elle semble résignée à une obligation de perpétuelle retenue. Elle étouffe soigneusement ses désirs, ses secrets, ses angoisses et même ses joies, de la même manière qu’elle enserre ses cheveux dans son chignon.
Au sein de cette Indonésie rurale et bourgeoise des années 1960, le destin particulier de Nana reflète les maux séculaires de toutes les femmes piégées dans un monde d’hommes et condamnées à enfouir leur peine au plus profond d’elles-mêmes.
Kamila Andini délivre un film pudique d’une grande sensibilité, qui décrit avec une précision toute féminine les contradictions et les détails intimes de la vie d’une femme douée d’une capacité d’adaptation hors du commun. Quels autres choix Nana a-t-elle eus dans sa vie d’adulte, à part ceux d’être une épouse, une mère, et de subir les fluctuations politiques qui se concrétisent par une violence inouïe dans le quotidien ?

Le film, au rythme lent et doux, cache en creux un réquisitoire brillant contre le pouvoir des hommes qui cadenassent la vie de leurs femmes et de leurs filles.
Cette belle histoire d’émancipation féminine s’inscrit dans une œuvre déjà riche, qui offre une nouvelle facette du cinéma d’Asie, à la fois universel et intimiste.

 

Sources : dossier de presse -lebleudumiroir.fr- lepolyester.fr- aVoir-aLire.fr

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