Été 93
lundi 18 septembre 2017
19:00 et 21:00
Résumé : Suite à la mort de ses parents, Frida, 6 ans, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle et sa tante et leur petite fille de 3 ans. Le temps d'un été, l'été 93, Frida apprendra à accepter son chagrin, et ses parents adoptifs apprendront à l'aimer comme leur propre fille.
Pays : Espagne
Année : 2017
Durée : 1h38
Version : VOST
Titre original : Estiu 1993
Date de sortie en France : 19 juillet 2017
Réalisateur : Carla Simon Pipó
Scénario : Carla Simon Pipó
Avec : Laia Artigas, Paula Blanco, Bruna Cusí ...
Fiche
bobine
L’inspiration autobiographique est un classique des premiers films. Ici, c’est carrément l’histoire vraie de la perte de ses parents et l’adaptation dans sa nouvelle famille que Carla Simón a tournées dans les lieux de son enfance. Au vu de la charge émotionnelle du sujet et de la jeunesse des deux protagonistes,
l’exercice était périlleux. C’est peu dire qu’il est réussi. Eté 93 s’ouvre, à Barcelone, dans un appartement qu’on vide de ses meubles. Immobile et muette, Frida, 6 ans, dont la mère vient de s’éteindre à l’hôpital, attend qu’on la » déménage » . On la met dans un véhicule utilitaire, direction la verdoyante et montagneuse Garrotxa, située en Catalogne.
Pour construire son récit, Carla Simón procède par petites touches intimistes : une anecdote, un regard, une parole, un geste et surtout elle évite tout sentimentalisme et toute complaisance. Elle suit pas à pas cette petite fille – son double – l’accompagne dans tous ses jeux et épouse tous ses vices, avec une stupéfiante acuité documentaire. Il s’agit non seulement de filmer l’enfance sans rien atténuer de sa sauvagerie mais aussi de guetter le difficile accomplissement du deuil. L’usage de la lumière agit comme un révélateur des états d’âmes de l’enfant et débouche sur une scène de dénouement d’une sensibilité désarmante. La direction d’acteurs s’avère remarquable avec de longs plans-séquences qui permettent de laisser le maximum de liberté aux enfants. Laia Artiga, 7 ans, qui incarne la jeune orpheline, se révèle, notamment, une prodigieuse actrice. Capable d’exprimer, par le seul regard, l’effroi, la colère et la détresse. D’être à la fois ingénue et accomplie. De n’avoir encore rien vécu et d’avoir déjà tout vécu. Cela donne à cette fiction un tel naturel qu’on la croirait sortie d’une vidéothèque familiale.
La Carla d’autrefois revit sous les traits de Laia. Cela s’appelle la résilience, et ce n’est pas du cinéma. C’est mieux que ça.
Sources : Positif juillet août, les inrockuptibles 14 juillet 2017, L’obs 18 juillet 2017