Àma Gloria nous fait découvrir la petite Cléo, six ans, dont s’occupe quotidiennement et à temps plein sa nourrice, la dévouée Gloria, une femme d’origine cap-verdienne Elle représente pour l’enfant un parent de substitution, car on le comprendra dans un joli flashback en animation, la mère de Cléo s’est éteinte d’un cancer alors que sa fille était encore un nourrisson. On devine combien Gloria, séparée des siens restés au pays, s’est attachée à cette fillette orpheline, et chaque geste bienveillant, regard tendre et moment de complicité, dévoile combien leur attachement mutuel est fort.

Suite au décès de sa mère, Gloria est contrainte de rentrer au pays pour s’occuper de ses propres enfants, sauf que cette fois elle ne reviendra pas. Le départ de cette figure maternelle aimante, pilier de la vie de Cléo, est un déchirement. Mais sa nourrice promet qu’elles se reverront.

Promesse tenue puisque Cléo s’envole quelques mois plus tard pour le Cap Vert, où l’attend impatiemment Gloria. Avec curiosité, Cléo découvre les coutumes locales, les croyances et les traditions. Elle s’intègre plutôt bien dans la famille, même si l’on devine une part de jalousie chez le fils cadet de Gloria, qui n’a finalement que très peu connu cette mère en exil. Marie Amachoukeli filme ces lieux avec un attachement sincère, sans le regard « carte postale » des occidentaux attirés par l’exotisme, et par le prisme de Cléo, nous immerge dans la vie quotidienne sur cet archipel volcanique.

En creux de cette magnifique histoire d’attachement, Àma Gloria met également en lumière les sacrifices de ces femmes, souvent invisibilisées, contraintes à l’exil pour offrir un quotidien et un avenir meilleurs à leurs enfants, en s’occupant de ceux des autres. Ce long métrage de Marie Amachoukeli est une oeuvre éminemment personnelle et à forte résonance autobiographique, dédiée à Laurinda, la femme qui s’est occupée d’elle enfant, jusqu’à son retour au pays. De ce qu’elle qualifie comme la première grande déflagration de sa vie, la cinéaste tire une oeuvre poignante et sensible sur la nécessité de grandir et, parfois, de se séparer.

Sources : aVoir-aLire.com, lebleudumiroir.fr, Libération.fr.