Dans le cadre de la fête du cinéma
Résumé : Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe. Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients. Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit. Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.
Pays : Tunisie
Année : 2016
Durée : 1h30
Version : VOST
Titre original : Inhebek Hedi
Date de sortie en France : 28 décembre 2016
Réalisateur : Mohamed Ben Attia
Scénario : Mohamed Ben Attia
Avec : Majd Mastoura, Rym Ben Messaoud, Sabah Bouzouita ...
Fiche
bobine
Le plus souvent, dans les films arabes, ce sont les femmes qui sont maltraitées. C’est l’une des premières originalités du beau film de Mohammed Ben Attia : Hedi, le personnage éponyme, n’est certes pas opprimé comme une femme peut l’être, mais il a toujours vécu sous la férule d’une mère castratrice.
Introverti, Hedi subit et semble absent. Tandis que son chef des ventes évoque les difficultés du marché de l’automobile, il dessine…
Le ton est donné : en quelques plans sobres, le spectateur comprend le malaise du jeune homme, partagé entre son envie de participer à la vie de son entreprise et le désir d’échapper à un monde dans lequel il se sent prisonnier.
Hedi, (dont le nom signifie « calme », « serein »), est un Tunisien de 25 ans un peu terne et passif : sa mère lui concocte un mariage arrangé. Mais il est bientôt réveillé par sa rencontre en forme d’étincelle avec une femme libre, Rym. Dès lors son existence bascule : il s’autorise enfin à ne plus respecter les conventions.
Hedi, un vent de liberté est le parcours métaphorique d’une Tunisie post-révolutionnaire toujours entravée par ses chaînes, notamment économiques. Combinant un cadrage instable et un montage vif, le réalisateur assemble une série de vignettes : celles-ci montrent une société inquiète, aspirant à la modernité et à l’efficacité alors même que le reste du monde lui en refuse les moyens; elles montrent aussi que les rites et les arrangements transmis de génération en génération peuvent être un refuge. Mais l’époque est plutôt au rejet des traditions.
Et si Hedi avait le droit de n’avoir envie de rien ? D’être en crise, à l’unisson de son pays. Cette contradiction violente est d’autant plus forte qu’elle s’incarne dans un acteur formidable : Maj Mastoura. Le comédien allie justesse de jeu et sensibilité. Sans esbroufe, il traduit à l’écran les tourments intérieurs de son personnage, ses plus subtiles émotions.
Mohammed Ben Attia réussit un premier film plein de charme et de force. Sa mise en scène apporte une belle intensité dramatique qui captive par sa sobriété, sa sensibilité et sa juste ambiguïté.
Sources : Positif, le Monde, les Inrockuptibles, Causette – décembre 2016