Une famille heureuse
jeudi 22 juin 2017
19:00 et 21:10
Résumé : Professeure dans un lycée de Tbilissi, Manana est mariée depuis 25 ans à Soso. Ensemble, ils partagent leur appartement avec les parents de Manana, leurs deux enfants et leur gendre. Une famille en apparence heureuse et soudée jusqu'à ce qu'à la surprise de tous, Manana annonce au soir de son 52e anniversaire sa décision de quitter le domicile conjugal pour s’installer seule.
Pays : Georgie
Année : 2017
Durée : 1h59
Version : VOST
Titre original : Chemi Bednieri Ojakhi
Date de sortie en France : 10 mai 2017
Réalisateur : Nana Ekvtimishvili, Simon Groß
Scénario : Nana Ekvtimishvili
Avec : Ia Shugliashvili, Merab Ninidze, Berta Khapava ...
Fiche
bobine
Une famille heureuse. Voilà un titre a priori très ironique. Car, dès le début, le film montre que l’effervescence qu’on y voit ne s’accompagne pas forcément de la joie de vivre qu’elle pourrait supposer. L’agacement serait plutôt le maître-mot de l’ambiance familiale,dans cette tribu au bord de la crise de nerfs, cohabitant dans le même appartement, entre une grand-mère très exubérante, un grand-père un peu gâteux, un père de famille affublé d’amis envahissants et des enfants indolents. Et, au centre, la mère, Manana, la référence, sollicitée par tous, invectivée, questionnée harcelée même un soir d’anniversaire, alors qu’elle n’a qu’une seule envie : être seule et justement ne pas le fêter.
Manana nous entraîne dans le récit d’une fuite d’un genre nouveau, porté par une héroïne stoïque qui cherche à limer les barreaux de la bien nommée cellule familiale. C’est aussi un film sur l’usure naturelle du temps qui passe, sur la destruction des liens forts par ce tueur implacable qu’est l’habitude. Ce sont aussi les choix qui peuvent s’imposer à chacun d’entre nous pour faire rebondir sa vie lorsque l’âge mûr arrive puis s’installe.
Ce qui arrive aux protagonistes d’Une famille heureuse pourrait concerner, à quelques spécificités culturelles près, n’importe quelle famille de nos contrées. La mise en scène, par empilement de petites scènes du quotidien, nous permet de découvrir la vie de Manana et nous spectateurs, sommes subjugués par le mal-être qui émane d’elle.
Sa tension intérieure est palpable et son départ un soulagement. Il est doux de suivre l’éclosion de cette femme d’ âge mûr, qui part à le redécouverte de la vie, celle des petits plaisirs et bonheurs oubliés et perdus depuis longtemps. Le film raconte ce sentiment de liberté retrouvée, excitant et effrayant à la fois, qui provoque dommages collatéraux et remontée de secrets enfouis.
Une famille heureuse est tour à tour drôle, acide, subtil, intimiste et parfois bouleversant. Aucun des personnages n’est blanc ou noir, aucun n’est jugé. « Notre objectif en tant que cinéastes n’est pas de porter un jugement mais simplement de donner vie à nos personnages et ainsi permettre au public de passer un peu de temps au sein d’une famille géorgienne ».
Sources : L’Obs /11/05/2017 – Utopia avril 2017