Goodbye Julia
jeudi 30 novembre 2023
16:00 et 18:30 et 21:00
Résumé : Juste avant la sécession du Soudan du Sud, le réalisateur interroge son pays fracturé à travers l’histoire d’une ex-chanteuse nord-soudanaise. Celle-ci engage comme domestique la jeune veuve d’un homme du sud dont elle a provoqué la mort accidentellement… Film historique, film initiatique et film d’émancipation, Goodbye Julia est une merveille absolue.
Pays : Soudan
Année : 2023
Durée : 2h
Version : VOST
Titre original : Wadaean Julia
Date de sortie en France : 8 novembre 2023
Réalisateur : Mohammed Kordofani
Scénario : Mohammed Kordofani
Image : Pierre de Villiers
Musique : Mazen Hamid
Avec : Eiman Yousif, Siran Riak, Nazar Goma, Ger Duany, Issraa El-Kogali
Fiche
bobine
Entre vérités et mensonges, entre les séparatismes du racisme, des religions ou du patriarcat, la réconciliation a-t-elle encore une place ? Mohamed Kordofani en est suffisamment convaincu pour quitter une confortable situation d’ingénieur et se lancer dans ce long métrage avec lequel il sera le premier réalisateur soudanais en compétition officielle à Cannes.
Goodbye Julia est le contraire d’un adieu, c’est la mise en lumière d’un pays oublié du monde, déchiré par la violence depuis son indépendance en 1956, lauréat permanent des guerres de sécession en tous genres. Pour ce faire, Kordofani nous conte l’amitié impensable entre deux femmes que tout
oppose, Julia la chrétienne du Sud et Mona la musulmane du Nord, au cours des cinq années qui ont précédé l’indépendance du Sud. A l’origine, un accident causé par Mona qui fuit par peur de représailles, mais la culpabilité va la rattraper et la conduire à prendre Julia sous son aile…
Le film aurait pu être un thriller mais la démarche artistique est autre, le spectateur est ici d’emblée dans la confidence pour mieux partager l’intimité naissante entre les deux femmes que le réalisateur développe avec une grande délicatesse, soulignant leur force cachée comme leur difficulté à s’émanciper dans un monde d’hommes. Surtout, et c’est la grande force du film, il fait ressortir entre les mailles de cette relation toute la trame du chaos social sans cesse alimenté par les divisions ethniques. Et qu’on ne s’y trompe pas, l’essentiel est bien dans cet arrière-plan socio-culturel et politique, c’est un appel à la sagesse et la réconciliation que Kordofani destine avant tout à ses compatriotes (interdits de cinéma pendant plus de trente ans…) mais aussi au monde entier.
Ironie du sort, ce beau message d’espoir s’est vu réduit à néant par une nouvelle guerre des chefs à Khartoum juste avant sa présentation à Cannes. Le prix de la Liberté lui rend un hommage mérité mais la route est encore longue pour éteindre le volcan Soudan…
Sources : Avoir Alire, Le bleu du miroir, Le Point – 8 nov 2023