Serbie, 1996. Pendant les manifestations étudiantes contre le régime de Milosevic, Stefan, quinze ans, déchiré entre ses propres convictions et l’amour qu’il porte à sa mère, politicienne corrompue, mène dans le feu des événements sa propre révolution : voir dans sa mère une complice du crime et trouver la force de la confronter.
Vladimir Perisic avait réalisé en 2009 Ordinary People. Après la mise en scène d’un segment pour le film collectif Les Ponts de Sarajevo en 2014, le réalisateur a attendu une dizaine d’années pour passer à nouveau derrière la caméra et réaliser Lost Country. Il précise qu’il avait besoin d’un certain temps pour pouvoir aborder ce sujet : le rapport avec sa mère qui avait participé à la politique du régime de Slobodan Milosevic et travaillait à la culture.
Le réalisateur explique comment il a utilisé ces éléments autobiographique pour construire un film de fiction : «  Il y a la part personnelle, et ma co-scénariste m’a énormément aidé à sortir du traumatisme, qui empêche la construction du sens. Elle m’a aidé à concevoir un récit qui m’éloigne de mon histoire personnelle . C’est bizarre, on finit par aimer nos blessures et à cultiver le traumatisme ». Le scénario très maîtrisé tient dans un récit familial unique à la fois le drame intime et la perspective historique.
Mais Vladimir Perisic a voulu actualiser son propos parce que les jeunesses dans le monde continuent à se révolter. Il a voulu faire un long métrage qui ne soit pas au passé mais qui se déroule ici et maintenant. Le film tend vers une universalité que confirme la sobriété de sa reconstitution historique.
Au final, Lost Country est un beau film qui met en scène un double déchirement : celui d ‘un pays tiraillé entre patriotes et révolutionnaires et celui d’une famille où mère et fils verront leur relation mise à rude épreuve.
Un film bouleversant et subtil.

Sources : Dossier de presse, Les Cahiers du cinéma et Positif octobre 2023, Sens critique.fr.