Wim Wenders retrouve le Japon, avec cette commande de la municipalité de Tokyo, qui voulait mettre en valeur ses toilettes publiques récemment rénovées, au design architectural hi-tech du quartier Shibuya. Au court métrage prévu, Wim Wenders substitue un long métrage de fiction qui suit le quotidien quasi-millimétré d’Hirayama, la cinquantaine, employé par la ville pour les nettoyer.
Hirayama est un homme modeste, digne, peu loquace qui accomplit son travail ingrat à la perfection. La routine immuable de ses journées ne semble jamais lui peser. Il écoute de la musique sur son autoradio, des cassettes de groupes des années 70 et 80. Parmi ses morceaux favoris, le mythique Perfect Days de Lou Reed qui donne son titre au film. Un quotidien solitaire rythmé par son travail, les chansons et de brèves rencontres. Dans cette ode à la simplicité et à l’épanouissement, Wenders promène son regard avec tendresse et poésie, se focalisant sur de petits détails qui deviennent importants. Ce quotidien, qui est l’essence même du film, est parfaitement montré grâce à un montage vraiment habile et qui empêche tout ennui.
Portrait sensible d’un marginal et d’une ville fascinante, Perfect Days distille une certaine idée du bonheur, à l’ancienne dira-t- on, en tous cas déconnectée des valeurs dominantes de la société capitaliste et fondée sur les capacités d’observation et d’émerveillement.
A la question : « Considérez-vous ce film comme l’un de vos plus poétiques ? » Wim Wenders répond : « La poésie n’est pas quelque chose que l’on peut vouloir dans un film, mais plutôt une belle découverte, un cadeau que l’on reçoit en tant que cinéaste de la part des acteurs, des lieux, de la lumière, de tout ce qui doit être réuni pour former quelque chose comme une poésie en mouvement. »
Perfect Days est une oeuvre d’une simplicité et d’un charme absolus, qui dégage une douce mélancolie et nous propose de réfléchir à ce dont nous avons réellement besoin.

Sources : Revue Jeune Cinéma – Sens critique – Abus de cinéma – mai 2023.