Scènes de la vie extra-conjugale, cette phrase d’accroche sur l’affiche annonce la couleur et le ton du film qui est d’abord et pour notre plaisir immédiat, une comédie scandinave volontiers loufoque et joyeusement libertaire (en tout cas en ce qui concerne les mœurs sentimentales et sexuelles). Le synopsis va dans ce sens : Julia découvre que son mari a une liaison. Pour sauver leur mariage, elle lui propose d’expérimenter le polyamour et d’inventer les nouvelles règles de leur vie conjugale. Un champ des possibles amoureux s’ouvre alors à eux…
Amours à la finlandaise n’est pas le seul film récent qui traite avec délicatesse et ironie des mouvements amoureux d’individus d’âge moyen – il suffit de penser aux dernières œuvres d’Emmanuel Mouret, Chronique d’une liaison passagère et Les Choses qu’on dit…. Mais, pour compliquer le tableau, la réalisatrice met en scène des personnes ayant une forte responsabilité envers la communauté car Julia est une parlementaire d’un parti fictif de l’égalité et Matias un pasteur protestant. Cette combinaison de facteurs crée des situations très comiques et explore les possibilités de bonheur dans une société en constante évolution en Finlande.
« Je trouve quelque chose de très beau dans la décision de vivre en polyamour. Ce qui m’a attiré vers ce sujet, c’est cette idée de travailler sur soi-même pour permettre à une autre personne de s’épanouir » affirme Selma Vilhunen pour qui le polyamour est donc synonyme de collaboration, avec une force spirituelle qui vise à sacrifier une partie du bonheur individuel pour le bien des proches, qu’ils soient ses propres partenaires ou ceux des autres. Mais les personnages qu’elle dépeint sont fragiles et incertains et luttent pour construire une meilleure existence sans prétendre donner l’exemple, malgré leur rôle public.
Le résultat est une comédie brillante, parfois dramatique, qui renverse les stéréotypes et les certitudes et met en jeu le caractère sacré de la tradition.
Presque malgré lui, le film devient une vraie réflexion politique libertaire dans sa façon de repenser et de réinventer l’unité familiale, démontrant que d’autres façons de vivre (et de penser) sont possibles. Cependant, nous sommes loin de tout moralisme et la séquence finale (chut !) est particulièrement réjouissante.

Sources : utopia.fr, cineuropa.org, dossier de presse