La Grâce

lundi 8 avril 2024

16:00 et 18:30 et 21:00

Résumé : Un père et sa fille adolescente sillonnent la Russie à bord d’un van qui contient tous leurs biens et le matériel d’un cinéma itinérant. Ils organisent des projections en plein air dans les villages reculés. Lors de leur périple, de brèves rencontres ponctuent leur solitude. Mais leur vie va basculer sur les rives de la mer de Barents…

Pays : Russie

Année : 2024

Durée : 1h59

Version : VOST

Titre original : Blazh

Date de sortie en France : 24 janvier 2024

Réalisateur : Ilya Povolotsky

Scénario : Ilya Povolotsky

Image : Nikolai Zheludovich

Musique : Aleksandr Kletsov

Avec : Maria Lukyanova, Gela Chitava, Eldar Safikanov ...


Fiche
bobine

Un père taiseux et sa fille adolescente vivent sur les routes de la Russie profonde, dans un vieux van rouge qui contient toute leur vie, ainsi que du matériel d’un cinéma itinérant, dont ils tirent leur maigre subsistance. De steppes immenses en déserts à perte de vue, ils retrouvent des villages isolés et leurs habitants, abandonnés par l’Etat, dont la seule ouverture sur l’actualité reste le cinéma.
Première fiction d’Ilya Povolotsky, la Grâce est un film nomade tourné en marge d’une Russie rurale presque oubliée, imprimant sur pellicules les visages et les paysages délaissés par le pouvoir central. En suivant leur parcours, de campagnes en villages, le film fait état d’un territoire esseulé en évoquant la vie des habitants, du Caucase à la mer de Barents . Il fait aussi l’éloge de la marginalité à travers cette famille réduite à sa stricte présence et transportant avec elle le peu qu’elle possède. Entre père et fille, peu de paroles, la promiscuité de ce petit van n’en demande pas beaucoup.
Faire du cinéma itinérant en Russie, c’est presque mener une vie de clandestin : trouver de l’essence pas chère sur le marché noir, contourner les contrôles de police. Si les projections ont encore du succès ici, c’est que ces campagnes ne sont pas encore envahies d’images du monde entier et qu’Internet n’arrive pas jusqu’à ces contrées reculées. Pour ce père et sa fille, rien n’a le temps de s’installer et les rencontres faites les soirs de projection se défont le lendemain puisqu’il faut repartir.
La mise en scène manie moins l’explication verbale que le façonnage du sensible : les plans séquences sur les paysages de steppes ou les friches post-soviétiques inscrivent les personnages dans un monde au bord de l’oubli, d’une beauté âpre et rugueuse. Sublime dans ses textures et ses mouvements, le film travaille ses personnages comme des figures, non sans rappeler l’héritage formaliste d’un certain cinéma russe. Ilya Povolotsky rejoint une génération de jeunes cinéastes comme Kantemir Balagov (Tesnota, une vie à l’étroit ) ou Kira Kovalenko (Les Poings desserrés) qui, en faisant le portrait de jeunes femmes affranchies, dessinent la possibilité d’une résistance à la marge.
Un geste courageux et salutaire, par les temps qui courent en Russie.

 

Sources : Le monde 24 janvier 2024, Utopia janvier 2024 , dossier de presse

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