Bye Bye Tibériade
mardi 14 mai 2024
17:00 et 19:00 et 21:00
Résumé : Hiam Abbass a quitté son village palestinien pour réaliser son rêve de devenir actrice en Europe, laissant derrière elle sa mère, sa grand-mère et ses sept sœurs. Trente ans plus tard, sa fille Lina, réalisatrice, retourne avec elle sur les traces des lieux disparus et des mémoires dispersées de quatre générations de femmes palestiniennes. Véritable tissage d’images du présent et d’archives familiales et historiques, le film devient l’exploration de la transmission de mémoire, de lieux, de féminité, de résistance, dans la vie de femmes qui ont appris à tout quitter et à tout recommencer.
Pays : Palestine/France
Année : 2023
Durée : 1h22
Version : VOST
Date de sortie en France : 21 février 2024
Réalisateur : Lina Soualem
Scénario : Lina Soualem, Nadine Naous
Image : Frida Marzouk
Musique : Amin Bouhafa
Avec : Hiam Abbass
Fiche
bobine
La mémoire vive est une rivière qui ne s’assèche pas et peut traverser les générations. Après Leur Algérie (2019) où elle ravivait les souvenirs enfouis de sa branche paternelle, Lina Soualem poursuit son exploration des chemins de l’exil en filmant trois générations de sa branche maternelle palestinienne. 75 ans d’histoire depuis la Nakba (la « catastrophe », l’exil forcé de 700.000 Palestiniens en 1948), à travers le portrait intime de trois femmes, toutes différentes mais porteuses de la même blessure toujours ouverte.
Il y a d’abord sa mère bien sûr, la célèbre actrice Hiam Abbass, qui sert de guide à la caméra mais qui est la seule à être partie volontairement, pour échapper au patriarcat autant qu’à la situation. Puis viennent Nemat la grand’mère et Oum Ali l’arrière grand’mère, chassées de Tibériade à la première heure pour un village de Galilée qui deviendra israélien. Elles resteront toute leur vie des réfugiées sur leur propre terre…
Dans l’intime et la complexité de ces femmes, dans leur pudeur comme dans la force de leur résilience, les souvenirs s’entrelacent en rameaux qui nous révèlent et nous expliquent sous un angle nouveau toute l’histoire d’un peuple déraciné et sans avenir. L’absence de violence, les gestes de tous les jours, les rires et les pleurs mêlés, c’est une écriture au féminin qui rend ce documentaire d’autant plus touchant et indispensable.
La réalisatrice jongle avec les formats (du super 8 au scope) qui réalisent un habile tissage entre les archives et le présent. Elle fait de nombreux allers-retours qui sont ici intentionnels et qui traduisent ce que vivent tous les Palestiniens encore aujourd’hui : des familles éclatées et dispersées, une identité confisquée qui les ramène sans cesse à 1948.
Avec ce documentaire sensible et fort, Lina Soualem se range à l’adage du philosophe Jacques Derrida : « Ce qu’on ne peut pas dire, il faut surtout ne pas le taire ». Elle l’écrit ici sur grand écran.
Sources : Dossier de presse – La Croix Hebdo 20/02/24