Ce premier film d’un jeune réalisateur vietnamien suit le parcours d’un trentenaire, Thiên, chargé de ramener dans son village le corps de sa belle-sœur, décédée dans un accident de moto à Ho Chi Minh-Ville. Il est accompagné par Dao, son neveu de cinq ans, miraculeusement rescapé de cet accident.
La famille de Thiên est catholique, les obsèques donnent lieu à un important rassemblement. Le petit Dao pose les questions de l’enfance face au deuil. Il se montre plus affecté par la mort d’un oiseau que par celle de sa propre mère. Il va bousculer les convictions, notamment religieuses, de son oncle : comment Dieu peut-il permettre de tels drames ?
Le jeune homme part ensuite à la recherche de son frère, le père de Dao, disparu depuis plusieurs années. Le film se déploie alors dans une quête onirique et intime. Thiên part à la rencontre de lui-même, dans une sorte de voyage contemplatif, où les paysages du Sud Vietnam sont magnifiés dans de longs plans séquences.
La longueur prend ici une dimension hors normes. Chaque plan s’étire sur de petits événements, qui font une place de choix à une bande-son exceptionnellement travaillée, accompagnant parfaitement la quête quasi spirituelle de Thiên. Des rencontres, parfois sous forme de flash-back, vont venir étayer ce besoin de trouver du sens et des raisons à sa propre existence.
Des images somptueuses de bâtiments à l’abandon, de mouvements à travers des cadres de fenêtres ou de portes, accentuent le sentiment d’oppression des rituels sociaux, traditionnels ou religieux. Thiên est souvent séparé de son interlocuteur par un mur percé, un grillage, un filet, un portail. Parfois même, ils se tournent le dos.
La symbolique des papillons du film, c’est que le cocon d’or est une sorte de représentation sociale qui cache une âme à l’intérieur. Ce cocon – là cache l’âme d’un grand cinéaste à la maturité éblouissante.
Une nouvelle voix audacieuse et persistante du cinéma asiatique.

Sources : dossier de presse – Telerama.fr – sens critique.fr – cnc.fr.