Eva est une jeune femme qui vit en Belgique, dans un Bruxelles morne et pluvieux, à l’image de son quotidien. Un jour, elle reçoit une invitation pour une soirée commémorative organisée dans le petit village des Flandres où elle passait ses vacances étant petite. Tous les protagonistes de son enfance seront là, notamment ceux qui étaient présents l’été de ses 13 ans. Eva décide de s’y rendre et se confronter à son passé.
Avec Débâcle, Veerle Baetens, actrice populaire du cinéma belge révélée dans Alabama Monroe de Felix Van Groeningen et vue plus récemment dans Quitter la nuit de Delphine Girard, réalise son premier long métrage. Elle adapte ici le best-seller éponyme de Lize Spit, Het Smelt, publié en 2018 chez Actes Sud.
Veerle Baetens construit son film en flash-back elliptiques, opposant deux chronologies qui se font écho : aux images vives et éclatantes de l’enfance d’Eva, répondent la sombre tristesse et le silence de son présent d’adulte, vingt ans plus tard. Cette construction en allers-retours entretient habilement le suspense et parvient à créer une atmosphère singulière permettant de faire un portrait complexe d’Eva. Son regard d’adulte tourné vers son regard d’enfant permet à la réalisatrice de montrer la quête d’une héroïne qui cherche désespérément à trouver sa place.
Veerle Baetens explique avoir réalisé Débâcle pour « tous ceux qui enfouissent leurs souffrances au plus profond d’eux-mêmes, à un endroit où personne ne pourra les deviner et d’où elles les dévorent peu à peu. » La réalisatrice s’est ainsi particulièrement intéressée aux mécanismes du rejet et à l’emprise du silence. Le sentiment d’impuissance qu’elle partage ici avec nous est aussi l’espace de l’empathie et de la prise de conscience. Débâcle joue sur le fil des émotions, en lançant un cri d’alerte aux nouvelles générations de parents et d’enfants. C’est en cela un grand film sur la culpabilité et l’indifférence des adultes face au monde de l’enfance.

Sources : Libération 27/02/2024 – www.culturopoing.com 28/02/2024 – www.bande-a-part.fr du

1/03/2024