Elaha
lundi 10 juin 2024
16:00 et 18:30 et 21:00
Résumé : Elaha, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, cherche, par tous les moyens, à faire reconstruire son hymen, pensant ainsi rétablir son innocence avant son mariage. Malgré sa détermination, des doutes s’immiscent en elle. Pourquoi doit-elle paraître vierge et pour qui ? Elaha est tiraillée entre le respect de ses traditions et son désir d’indépendance.
Pays : Allemagne
Année : 2024
Durée : 1h50
Version : VOST
Date de sortie en France : 7 février 2024
Réalisateur : Milena Aboyan
Scénario : Milena Aboyan
Image : Christopher Behrmann
Musique : Kilian Oser
Avec : Bayan Layla, Derya Durmaz, Armin Wahedi ...
Fiche
bobine
Pour décrire le premier long métrage de Milena Aboyan, on se gardera bien de compiler les mots-clés qui donnent plutôt envie de prendre ses jambes à son cou : « Récit d’émancipation », « patriarcat », et pourquoi pas « nécessaire ».
Le supplément d’âme et de fraîcheur dont fait preuve Elaha redonne quelques galons au fameux drame à sujet, lui qui ne semble exister que pour ravitailler les gros festivals internationaux.
Avec une vérité qui impressionne, et ne va pas sans courage, la réalisatrice débutante trace le portrait d’une jeune fille de 22 ans, sur le point de quitter sa famille kurde pour devenir l’épouse qu’on a décidé qu’elle serait. Sous contrôle permanent, Elaha ne peut compter que sur ses copines pour lui fournir un alibi quand elle reprend un peu de liberté et cherche à vivre sa sexualité.
Pas à pas, le film suit son héroïne dans ses contraintes et son envie d’autonomie. C’est peu de dire que le scénario est remarquablement écrit, que les dialogues impressionnent par leur côté incisif et que la mise en scène se révèle largement à la hauteur. Avec un atout supplémentaire pour définitivement nous séduire : l’interprétation sensuelle et déterminée de Bayan Layla, formidable actrice aux origines syriennes.
La situation est désespérée, le film refuse de l’être malgré la tension menaçante qui traverse cette chronique d’une vie quotidienne où le mensonge flirte avec la schizophrénie.
Le film ne se résume pas à une charge contre l’obscurantisme supposé de la communauté kurde. Au contraire, Milena Aboyan complexifie le propos avec finesse et subtilité. Il ne s’agit pas de critiquer un attachement légitime à une culture ou une langue. Elaha s’interroge. Que désire-t-elle vraiment ? Que signifie cette exigence de virginité ? Pourquoi doit-elle constamment rendre des comptes à sa famille, à ses proches ? Et malgré l’amour qu’elle lui porte, les rêves de Nassim sont-ils aussi les siens ?
Le parcours de ce beau personnage interroge le contrôle du corps des femmes, d’autant plus toxique qu’il est autant porté par les mères que par la gent masculine. A partir de cette question aiguë de la vraie-fausse virginité, le film mène sa fronde à sa manière ……très doux et dans les clous, en posant la question essentielle : « Elaha est-elle la femme qu’elle veut être ? »
Sources : Liberation.fr – telerama.fr – l’humanite.fr – sens critique.fr – Dossier de presse