L’Innocence

jeudi 20 juin 2024

16:00 et 18:30 et 21:00

Résumé : Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ...

Pays : Japon

Année : 2023

Durée : 2h07

Version : VOST

Titre original : Kaibutsu

Date de sortie en France : 27 décembre 2023

Réalisateur : Hirokazu Kore-eda

Scénario : Yûji Sakamoto

Image : Ryûto Kondô

Musique : Ryuichi Sakamoto

Avec : Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa ...

Prix / distinctions : Prix du scénario et Queer Palm, Cannes 2023


Fiche
bobine

Du temps et de l’énergie, la mère de Minato n’en a guère, elle qui élève seule ce gamin d’une dizaine d’années, avec tout ce qu’elle a d’amour et de tendresse. Affairée entre le travail, les courses, le ménage et la cuisine, elle voit bien que son petit homme traverse une mauvaise passe. Plus sombre, moins attentif, moins présent, moins gentil aussi… Minato vu par sa mère, c’est beaucoup d’inquiétude et, sans doute, une succession de harcèlements dont le gamin serait victime de la part de ses camarades ou d’un enseignant. Minato vu par sa mère, c’est un bon petit, doux, fragile et attentionné, qu’un événement extérieur a transformé en ce pré-ado secret, renfermé et possiblement violent…
Inlassablement, Kore-eda remet, sur son métier, l’ouvrage pour dire la famille, l’enfance, la société japonaise corsetée. Et, à chaque fois, c’est un bonheur renouvelé que de redécouvrir son cinéma dont la grande ambition est de rester modeste. Tout en douceur, aussi peu spectaculaire que possible mais qui nous traverse pourtant d’un tourbillon d’émotions, tout en ayant l’air de ne surtout pas les provoquer.
Le mystère Minato, qu’il détricote sous nos yeux ébahis, prend des chemins de traverse inquiétants, parfois sombres, à la lisière du thriller fantastique. La recherche de la vérité sur l’enfant met discrètement à nu les rouages sévères du monde des adultes, la violence physique et sociale qui les contraint, mais aussi leurs failles et leur complexité.
L’innocence est en soi une illustration de la magie du métier de scénariste. On ressort de ces deux heures émerveillé par la capacité du cinéma à entraîner le spectateur dans des ressorts dramatiques insoupçonnés. Les personnages sont tous très attachants comme si, à travers leur destin, se jouait celui du Japon condamné à se moderniser et à repenser ses fonctionnements.
Ajoutons que, côté esthétique, le film est magnifique et que Hirokazu Kore-eda reste un formidable montreur d’images.
En résumé, le cinéaste nous donne à voir une œuvre dense etmaîtrisée qui questionne les fondements de la société nippone contemporaine tout en réaffirmant la puissance de l’illusion cinématographique.

 

Sources : Le Figaro, 26 décembre 2023 / Télérama, 27 décembre 2023.

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