Inspiré de faits réels, Les Fantômes suit le parcours d’Hamid, exilé Syrien ayant fui le régime de Bachar el-Assad. Installé à Strasbourg où il demande l’asile, le jeune homme se lance en secret à la recherche de l’un de ses compatriotes pour le compte d’un mystérieux groupe de Syriens dont il est membre. Cette traque va progressivement l’obliger à affronter les démons et traumatismes de son passé.
Entre filatures et changements d’identité du personnage principal, Les Fantômes puise dans les codes les plus réalistes du cinéma d’espionnage pour construire sa tension dramatique.
Obsédé par sa quête de vengeance, Hamid observe sa cible et se rapproche d’elle petit à petit afin de déterminer s’il s’agit oui ou non de son ancien tortionnaire. N’ayant jamais vu le visage de son bourreau, le jeune homme doit s’en remettre à d’autres sens pour identifier le suspect. Le film se mue alors en thriller mental, perdu dans la mémoire sensorielle de son héros pour venir exorciser son passé.
La mise en scène nous immerge dans l’intériorité d’Hamid, au cœur de ses doutes. Les sensations dans le film prédominent, telle la perception amplifiée ou le kaléidoscope des couleurs sur les étals des marchés de Beyrouth…
La bande-son, manipulant des objets musicaux ou des éléments sonores tels que des chuchotements ou des effets Larsen, permet d’accéder au bouillonnement des pensées d’Hamid, à l’intensité qui se joue en lui alors qu’il ne peut rien laisser paraître.
Sous couvert d’un thriller haletant et implacable, les Fantômes explore la question de l’horreur de la guerre et de la torture sans jamais les montrer. Porté par l’interprétation hypnotique d’Adam Bessa, le film se présente comme une longue et fascinante plongée au plus près des tumultes intérieurs d’un héros traumatisé qui a tout perdu, tout en rejouant efficacement les motifs du film de vengeance.
Un coup d’essai impressionnant qui impose d’entrée de jeu Jonathan Millet comme un réalisateur avec lequel il va falloir compter.

Sources : Dossier de Presse – lebleudumiroir.fr – Les Cahiers du cinéma, juillet/août 2024.

Jonathan Millet (Réalisateur, scénariste, directeur de la photographie)
Jonathan Millet est né à Paris. Après des études de philosophie, il part filmer des pays lointains ou inaccessibles pour des banques de données d’images. Seul avec sa caméra, il traverse et filme une cinquantaine de pays. On l’encourage surtout à aller dans les régions les plus reculées. Il commence ainsi à apprendre à saisir les visages, les espaces, à retranscrire une atmosphère en quelques plans.
Il réalise ensuite des courts-métrages de fiction, notamment Et toujours nous marcherons et La Veillée, sélectionnés dans de nombreux festivals (Clermont-Ferrand, Palm Springs, Pantin entre autres). Il réalise également un premier long métrage documentaire, Ceuta, douce prison, sorti au cinéma en 2014, puis Dernières Nouvelles des étoiles en 2018, tourné en Antarctique, et La Disparition, tourné en Amazonie en 2020.
Les Fantômes (2024) est son premier long métrage de fiction qui a obtenu le Prix à la Création, Fondation Gan, Semaine de la Critique Cannes 2024.

Filmographie
• Les Fantômes (2024)
• Joana dans l’univers (Court métrage 2024)
• Grand Huit (2020)
• La Disparition (2020)
• Les Dominos (2020)
• Dernières Nouvelles des étoiles (2018)
• Et toujours nous marcherons (2017)
• La Veillée (2017)