Comme les deux faces d’un même pays, Viêt et Nam sont deux jeunes hommes d’aujourd’hui qui travaillent ensemble dans une mine de charbon, dans une région rurale et montagneuse du Nord Vietnam, loin de l’agitation moderne de Hanoï. La vie de Nam est rythmée par son travail harassant à la mine. Le réconfort, il le trouve dans les bras de Viêt, son amant. Nam n’a jamais connu son père, disparu pendant la guerre, il vit avec sa mère, Hoa, seule personne qui le relie à l’existence abstraite et fantasmée de son géniteur.
Tiraillé chaque jour un peu plus entre le besoin de se confronter aux fantômes du passé et le désir de fuir son pays et sa condition précaire, il décide de partir avec sa mère et Viêt à la recherche du corps de son père.
Si le cinéma américain a largement questionné et mis en scène le traumatisme de la guerre, c’est moins le cas du côté vietnamien et la violence physique et psychologique liée à la dévastation du territoire n’est pas étrangère à ce silence. Le pays a cependant annoncé la censure du film quelques semaines avant son passage à Cannes, au motif qu’il donnait une image fausse et négative du pays. C’est donc un véritable événement que de voir arriver dans nos salles cette œuvre du jeune réalisateur Truong Minh Quy, représentant d’une nouvelle génération de cinéastes vietnamiens très talentueux, comme son compatriote Pham Thiên Ân, avec son magnifique L’Arbre aux papillons d’or . Dans Viêt and Nam, on retrouve ce mélange d’onirisme et de techniques empruntées au film documentaire.
Les éléments de la nature, de l’eau et de la terre participent au processus d’exhumation de la mémoire, confrontant ces êtres vivants à leurs histoires communes et leurs blessures intimes.

Sources : Cineuropa et Revue Utopia.