All We Imagine as Light
jeudi 17 octobre 2024
16:00 et 18:30 et 21:00
Résumé : Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, cache son tourment intérieur, se jette à corps perdu dans son travail et s’interdit toute vie sentimentale. Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.
Pays : Inde
Année : 2024
Durée : 1h55
Version : VOST
Date de sortie en France : 2 octobre 2024
Réalisateur : Payal Kapadia
Scénario : Payal Kapadia
Image : Ranabir Das
Musique : Dhritiman Das Topshe
Avec : Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam ...
Fiche
bobine
Prabha et Anu sont infirmières dans un gigantesque hôpital de Mumbaï. Elles partagent le même appartement depuis que le mari de Prabha est parti travailler en Europe, la laissant sans nouvelles. Anu, plus jeune, plus libre, fréquente en secret un musulman. All we imagine as light prend le temps de chroniquer en détail leur quotidien, d’installer une atmosphère, de retranscrire le contexte d’une société pleine de contrastes.
Surgit alors un élément incongru : un autocuiseur flambant neuf, envoyé à Prabha par son époux absent. Ce simple appareil ménager marque une rupture dans le récit, y intégrant notamment une troisième protagoniste : Parvaty, veuve menacée d’expulsion, qui invite les deux femmes dans son village natal, au bord de la mer…
All we imagine as light se déploie tout en douceur. Rien n’y est jamais appuyé ou dramatisé. Payal Kapadia ose la langueur pour s’approcher au plus près de ses personnages, pour dévoiler leurs entraves comme leurs élans, pour révéler ce qui les lie. Sa mise en scène épurée laisse la grâce du moment présent s’insinuer dans le cadre.
Insensiblement, la réalisatrice déplace les enjeux d’un film de femmes dont la vie semble ne devoir tourner qu’autour des hommes – plus précisément autour de l’absence des hommes – qu’ils soient morts, absents, inaccessibles, littéralement intouchables.
Dans les non – dits, dans les silences aussi bien que dans les brefs dialogues ou les longues discussions entre Prabha et Anu, le film raconte par petites touches impressionnistes une sororité du quotidien, sans aspérités, sans vraiment d’échappatoire – mais pour autant sans pathos.
C’est un miracle de cinéma, un film qui, lancé sur les rails clairement identifiés d’un genre connu, bifurque soudain pour vous emmener, stupéfait, les yeux écarquillés, sur des rivages inattendus que vous ne voulez plus quitter. Une film mélancolique et vivifiant, dont on peine à sortir, bien après que se soient effacées les dernières lignes du générique de fin.
All we imagine as light de la toute jeune réalisatrice Payal Kapadia, c’est du grand, du très grand cinéma.
Sources : Libération 23/05/2024 – Télérama 24/05/2024 – Les Inrocks 23/05/2024.