Adi, 17 ans, passe l’été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est violemment agressé dans la rue. Le lendemain, son monde est entièrement bouleversé. Ses parents ne le regardent plus comme avant et l’apparente quiétude du village commence à se fissurer. Des fissures, il en apparaît partout dans ce film…
Le village où se situe l’histoire fait partie d’une réserve naturelle : pas de routes goudronnées, pas de voitures, c’est un village unique en Roumanie, un véritable paradis magnifié par la luminosité exceptionnelle de l’été, la bande-son et des couleurs douces (bleu, jaune, vert, blanc). Mais dans ce cadre idyllique, l’obscurantisme et l’ignorance gouvernent, à travers les figures d’autorité que sont le policier et le prêtre. Leurs vêtures sombres ne s’harmonisent pas ou mal avec l’ensemble. La violence des rapports reste calme et feutrée.
La maison familiale d’Adi est filmée en longs plans fixes qui, à bien y regarder, séparent les personnages dans des cadrages qui font ressortir leur incommunicabilité. Les plans avec Adi dans la maison sont particulièrement contraints et alimentent un sentiment d’oppression et l’intuition qu’il est en danger. Souvent, au fond d’un plan, une porte ouverte sur le soleil suit une longue ligne de fuite…
Le père et la mère d’Adi, dont il serait en droit d’attendre amour et soutien inconditionnel, sont eux aussi, traversés par de forts sentiments contraires. La mère, c’est la voix de la société, de la pression, de l’image qu’il faut donner. Le père, c’est la voix de la famille mais qui reste inaudible voir silencieuse face aux soucis du quotidien et qui esquissera inutilement un tout petit geste vers son fils à la fin du film.
Et puis, dans cette noirceur étouffante, il y a Ilinca la solaire et lumineuse amie d’enfance, celle qui nous sauve.

Source : dossier de presse / Utopia Octobre 2024.