Voyage à travers le cinéma français

dimanche 26 mars 2017

17:00

Résumé : Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de l’Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver.

Pays : France

Année : 2016

Durée : 3h15

Date de sortie en France : 12 octobre 2016

Réalisateur : Bertrand Tavernier


Fiche
bobine

Voyage à travers le cinéma français (1930-1970) est un film somme, une exploration archéologique d’une richesse sans égale, un périple sentimental dans l’histoire méconnue, parfois effacée, du cinéma hexagonal. Grâce à ses connaissances encyclopédiques et au désir insatiable de partager ses passions, Bertrand Tavernier donne de la noblesse à des films dits mineurs et montre ainsi l’infinie palette de talents que recèle le cinéma français.

Jacques Becker fut son premier éblouissement cinématogra- phique, alors qu’âgé de 6 ans il soignait une tuberculose dans un sanatorium de Haute-Savoie. De Becker (1930) qu’il n’a jamais cessé d’admirer, Bertrand Tavernier nous mène en trois heures de temps à Claude Sautet (1960), en passant par les réalisateurs Jean Renoir, Marcel Carné, Jean-Pierre Melville, sans oublier l’acteur Jean Gabin ou le compositeur Maurice Jaubert. Il n’hésite pas au passage à égratigner certains, à reconsidérer les fausses réputations ou dissiper les jugements hâtifs, n’oubliant jamais de rappeler que musiciens et techniciens participent aussi à la création.

En filigrane, l’itinéraire de Tavernier apparaît : étudiant cinéphile, créateur de ciné-club, rat de cinémathèque, assistant de Jean-Pierre Melville, attaché de presse, métier qui l’a amené à côtoyer Jacques Rozier, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol. Dans ce documentaire qui n’a rien de surprenant formellement, Tavernier aligne les extraits de films, commentés en voix-off de façon didactique, ou prend la parole face à la caméra de manière très sobre. Cette voix guide le spectateur dans les méandres du temps, lui indique des curiosités, ménage des surprises et réserve de vrais bonheurs qui font de ce voyage personnel dans la mémoire collective un enchantement.

Voyage à travers le cinéma français aurait pu s’intituler « Le cinéma retrouvé » tant Bertrand Tavernier ressemble à un Marcel Proust qui aurait remplacé ses chères madeleines par de tout aussi chers extraits de films.

Sources : Le Monde et La Croix 10/2016. Critikat.com.

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