Toute la filmographie de Costa-Gavras témoigne de son intérêt pour les situations cruelles et, qu’il réalise une fiction sur la fin de vie, à 90 ans maintenant, n’a donc rien d’étonnant . Mais on connaît la fibre militante du réalisateur qui n’est pas un porteur de larmes, et c’est un verre à moitié vie plutôt qu’à moitié mort qu’il nous engage à regarder.
S’inspirant du livre éponyme du Dr Grange et de Régis Debray, il raconte le dialogue à haute fréquence humaniste entre un médecin et un écrivain au cœur même et en marge d’un service de soins palliatifs. Le scénario met en relief des histoires et des sensibilités qui n’ont de commun que leur inévitable fin, en montrant comment on peut pourtant passer de l’insupportable à l’acceptation, quels que soient l’âge et la situation. Comment partir « debout » , c’est-à-dire dans la dignité, c’est tout le sujet du film dans l’esprit de Costa-Gavras, et la symbiose entre la médecine et la philosophie n’est-elle pas la voie quand il n’y a plus à croire aux miracles ?
On peut le penser et en débattre, le réalisateur laisse à chacun le soin d’interroger sa propre « essence humaine », laquelle est toujours d’une grande complexité, la plus importante des êtres vivants sans doute.
Tous les acteurs sont ici remarquables de justesse, et même si pour certains le temps d’écran est court, leur présence est lumineuse, on peut aller jusqu’à dire que c’est un film où il n’y a que des premiers rôles.
Le dernier souffle est une ode à l’humanité à la fois poétique et politique, une réflexion poignante sur ce crépuscule qu’on évite de voir et de nommer, tandis qu’on se bouscule pour aller admirer…un soleil couchant. Avec une grande empathie, avec une sobriété et une sagesse qui viennent avec l’âge, Costa-Gavras parvient à nous faire sourire et comprendre que « la fin de vie, c’est encore la vie ».

Sources : Dossier de presse, Cult.news 26/10/24.