Tardes de soledad

jeudi 15 mai 2025

16:00 et 18:30

Résumé : A travers le portrait du jeune Andrés Roca Rey, star incontournable de la corrida contemporaine, Albert Serra dépeint la détermination et la solitude qui distinguent la vie d'un torero. Par cette expérience intime, le réalisateur de PACIFICTION livre une exploration spirituelle de la tauromachie, il en révèle autant la beauté éphémère et anachronique que la brutalité primitive. Quelle forme d'idéal peut amener un homme à poursuivre ce choc dangereux et inutile, plaçant cette lutte au-dessus de tout autre désir de possession ?

Pays : Espagne

Année : 2025

Durée : 2h05

Version : VOST

Date de sortie en France : 26 mars 2025

Réalisateur : Albert Serra

Scénario : Albert Serra

Image : Artur Tort Pujol

Musique : Ferran Font, Marc Verdaguer

Avec : avec Andrés Roca Rey

Prix / distinctions : Concha d'or, San Sebastian 2024


Fiche
bobine

Pour beaucoup de spectateurs, la découverte de Tardes de soledad sera leur première confrontation à une corrida. En général, lorsque l’on parle de ce sujet, la question est d’être pour ou contre, or ce n’est pas le problème du documentaire d’Albert Serra, qui peut convaincre aussi bien les aficionados que les détracteurs – notamment par la place qu’il accorde à la souffrance du taureau. Il laisse surtout le spectateur avec lui même face à une réalité bien plus complexe que les clichés qu’elle charrie.
L’entrée en matière, choc esthétique et émotionnel du taureau sauvage en pleine nature, nous inviterait presque à un voyage chamanique au cœur des ténèbres. Mais c’est une fausse piste car le film regardera davantage la figure du torero en pleine lumière, à travers le portrait du jeune péruvien Andrés Roca Rey, star montante de la tauromachie.
Le film se tient délibérément au-delà, ou plutôt en deçà de l’espace polémique qui régit tout discours sur la corrida. Son premier geste consiste à resserrer le champ, reléguant les gradins, l’audience, les réalités extérieures, pour se concentrer sur le face-à-face entre l’homme et l’animal.
En ne recourant ni au commentaire en voix off ni au dispositif de l’entretien pour leur privilégier des faits bruts, Serra se distingue également du didactisme de toute une tradition de documentaires « sur » la corrida.
La dramaturgie naturellement intense qui se joue dans l’arène est magnifiée par un dispositif technique ultra précis (3 caméras et micros HF) qui consiste à représenter au plus près cette chorégraphie mythologique. La bande son est également époustouflante au plein sens du terme où souffles de l’animal et souffles du torero nous font pénétrer comme jamais dans l’intimité de ce combat fascinant de beauté et dérangeant de cruauté et de sacrifices.
C’est dans une fusion des contraires – entre violence et grâce, profane et sacré – que réside la singularité du regard de Serra, qui a composé ce stupéfiant ballet d’or et de sang, d’une crudité proprement stupéfiante qui confère à la tauromachie une dimension quasi métaphysique.

 

Sources : Le Monde 26/03/2025 / Les Cahiers du Cinéma 03/2025 / cinemas-utopia.org

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